Un Dubillard désuet, brouillon et longuet...

Publié le 03 avril 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Très vite nous cessâmes de compter les spectateurs quittant la grande salle du Rond-Point, à mesure qu'avançait la représentation de ce poème confus sur le départ vers l'au delà signé Roland Dubillard qu'une mise en scène à l'esthétique séduisante mais peu convaincante d'Anne-Laure Liégeois ne parvint à unifier ou éclairer. Nous ne blâmerons donc pas les déserteurs, car nonobstant quelques rares moments de grâce véritable, force est de constater que l'ennui règne sans partage sur "La Maison d'Os".

Que nous raconte cette oeuvre peu connue de l'auteur des trop-vus-trop-lus "Diablogues" ? L'histoire d'un vieillard qui se meurt (à moins qu'il n'ait déjà trépassé) dans son immense demeure, au milieu de ses nombreux domestiques. Avant de partir il tente de se souvenir,  scrute un monde qu'il ne verra bientôt plus, songe à ce qu'il fut, s'interroge sur ce qu'il sera. Comme lui sa maison s'écroule. Le personnel soigne l'un, consolide l'autre, se réjouit de retrouver bientôt une certaine liberté tout en étant désemparés... Et l'on en vient à se demander si on ne se baladerait pas dans l'esprit même du maître des lieux.

La poésie, la fantaisie et l'absurde de Roland Dubillard nous paraissent datés depuis un certain temps, voire franchement démodés. Nous l'avons souvent écrit. Dans sa presque totalité, "La Maison d'Os" n'échappe pas à cette règle. Libre à chacun de penser le contraire. Toujours est-il qu'ici, en plus de cette pesante désuétude, le propos part dans tous les sens, se perd et nous perd dans un dédale de situations et personnages que l'on peine à relier entre eux.  Du coup on décroche. Que c'est long ! 

Anne-Laure Liégeois n'aura pas été d'un grand secours à la pièce. Aux quatre coins d'un plateau plongé dans une obscurité sophistiquée, sur lequel on devine un imposant escalier et de hautes colonnes, elle fait passer et s'agiter les domestiques, un médecin, un religieux... N'évite pas l'interminable succession de séquences. Ca braille beaucoup. On ne comprend pas tout. Progressivement la scène est envahie d'animaux naturalisés (un paon, deux chiens, un renard, des corbeaux...). Symbole de la nature qui reprend ses droits sur l'être humain alors qu'il disparaît ? Possible. Les quatre jeunes acteurs incarnant les employés délivrent un travail appliqué mais sans relief (la faute au texte ?), tandis que Pierre Richard offre au mourant son étonnante et élégante candeur, manquant cependant d'une certaine profondeur. Dommage.

Resteront quelques jolies images...

Dispensable.

Photos : Christophe Raynaud de Lage