Les libraires constituent un peuple un peu particulier. Passionnés de livres, ils vivent en dehors de la réalité, dans leur monde. C’est aussi ainsi que vit Le libraire de Régis de Sa Moreira. Être solitaire, il tient une boutique dans une grande ville qui compte déjà nombre de librairies. Mais le libraire (ainsi nommé dans le roman, il n’a pas de nom) n’est pas un commerçant ordinaire car il a choisit un créneau particulier : il « refusait de vendre de la merde ». En conséquence, notre ami lit tous les livres qu’il vend. D’ailleurs, certains rayons sont moins fournis que d’autres, comme celui des guides de voyages par exemple. Il faut dire que le libraire ne voyage pas beaucoup, tout occupé à garder sa librairie ouverte jour et nuit (vous imaginez si un client désespéré trouvait porte close en pleine nuit ? Quelle catastrophe !). En parlant de clientèle, on peut dire que la boutique attire une faune un peu particulière, notre libraire n’hésitant d’ailleurs pas à fuir les clients qu’il ne veut pas voir ou à les expulser volontairement.
Voilà posé le cadre de ce roman original. Sans véritable histoire, chacun des chapitres aborde un aspect de la personnalité du libraire ou s’attarde sur une catégorie de clients. En fait, ce roman me fait penser à une série télévisée où chaque épisode, s’il met en scène les mêmes protagonistes, n’en est pas moins différent et sans lien avec le précédent.
L’auteur nous immerge dans un monde magique où les livres ont une vie propre : ils dorment, se nourrissent et réagissent aux comportements des clients. Mais il semble que les rêveries du libraire ne sont qu’un prétexte pour parler de sujets qui nous touchent tous : Dieu, la religion, l’amour, l’amitié, la solitude ou la place de la littérature dans notre vie. Le libraire, sans véritable attache, s’est construit un monde dans lequel les étagères de livres sont des remparts contre la solitude, où les devises et règles le rassurent et lui permettent de faire face à un monde qui lui est étranger.
J’attendais beaucoup de ce livre, je pensais que l’on y parlerait littérature et que je me retrouverais dans ce libraire passionné de livres. Pas du tout. Les quelques titres cités n’ont aucun intérêt et il est surtout question du rapport entre le libraire et sa clientèle extravagante. De plus, je n’ai pas réussi à sortir de la lecture au premier degré et le coté décalé/irréel de ce roman n’a pas réussi à me toucher. Cette lecture m’a placée dans une certaine tension, une attente qui n’a finalement pas été comblée par manque d’action.
Par contre, j’ai un vrai coup de cœur pour la couverture de la version de poche. Je ne connais pas de meilleur moyen de savourer un bon livre qu’en l’accompagnant d’une boisson chaude (chocolat ou thé), au coin du feu.
Le premier chapitre du roman vous permettra de vous faire une idée personnelle…
Le libraire – Régis de Sa Moreira – Au diable vauvert – 2004