Animal man tome 2 : contre-nature

Publié le 03 avril 2013 par Universcomics @Josemaniette
Le contenu: La famille Baker est en fuite, sur la route, à bord d'une sorte de mobile-home. Les raisons sont simples pour ceux qui ont suivi le tome1. La Nécrose, une force de la nature qui symbolise tout ce qui est pourriture puis mort, donne la chasse à Buddy et à sa fille Maxine, qui sont les avatars sur Terre d'une autre force antagoniste, le Sang (la vie animale). Les Baker au complet ne sont pas suffisant, en nombre et en force de frappe, pour contrer l'avancée de la Nécrose, c'est pourquoi, sur les conseils d'un des représentants mystiques du Sang, qui a pris l'apparence d'un gros chat rassurant, ils se sont mis à la recherche de Alec Holland, aka Swamp Thing, qui est lui le protecteur d'une troisième notion, la Linfe (vie végétale). Mais les liens familiaux s'accordent mal avec une aussi lourde tâche, et entre disputes, hésitations, désespoir, et pièges innombrables, ce ne sera pas de tout repos. A commencer par Animal Man lui même, qui lors d'un combat contre la Nécrose et ses affiliés, finit par succomber et trouver la mort! Fin de la série et du masterplan pondu par Jeff Lemire? Absolument pas! Un crossover avec Swamp Thing est attendu dans le volume 3, et tout ce volume 2 est une longue course-poursuite, avec la petite Maxine qui en apprend plus sur ses fabuleux pouvoirs et sur la mission qui lui est dévolue, et Buddy qui traverse le royaume éthéré du Sang, pour revenir parmi nous et prêter main-forte à temps. Car c'est bien l'existence de toute vie sur Terre qui est menacée par ce déséquilibre d'ordre cosmique. Ce qui explique pourquoi John Constantine et la Ligue des Ombres risquent aussi se manifester...  Notre opinion: Il faut admettre d'emblée quel est le défaut majeur de cette série de Jeff Lemire (ce qui sous-entend : de cette excellente série). C'est la décompression maximale de l'action, qui s'étale probablement un poil trop longtemps dans le temps. Il faut deux tomes complets pour que les pions se mettent tous en place sur l'échiquier, et que le vrai grand spectacle commence (c'est à dire le crossover Rotworld, probablement Le Monde de la Nécrose, en Vf). Deux ou trois épisodes de moins pouvaient être programmés, en accélérant un peu le récit. Mais d'un autre coté c'est aussi la force de ce titre. Qui prend son temps pour dépeindre la vie heurtée et contradictoire d'une famille légèrement disfonctionnelle, où des enjeux démesurés (toute vie sur Terre) entrent en collision avec de menus micro-événements (la belle mère déteste Buddy, les deux gamins se chamaillent en permanence, la femme de Buddy flirte avec la crise de nerfs...). C'est écrit avec humour et les dialogues font mouche. Jeff Lemire humanise tout ce petit monde avec un grand talent, et se penche avec délicatesse sur le destin des Baker, destiné de toute manière à être tragique. Coté dessins, l'essentiel est assuré par Steve Pugh, qui avait déjà officié sur Animal Man, à l'époque où la série avait été révélé aux lecteurs les plus exigeants par un certain Grant Morrison. On y trouve des corps décomposés et des pages bien gores, qui flirtent avec le grotesque et la caricature sanguinolente. Une des manières les plus efficaces de retranscrire cette éprouvante réalité narrée par Lemire, sans tomber dans l'horreur la plus totale et clinique, c'est précisément de garder ce ton détaché, parfois onirique (cauchemardesque?), qui fait que la violence reste encore et toujours mâtinée d'humour et de légèreté. Les couvertures de Foreman, en ce sens, sont aussi très belles, et singulières.
Animal Man poursuit son bonhomme de chemin, loin des standards habituels pour un comic-book grand public, mais avec toujours autant de bonheur, malgré quelques longueurs. Un tome 2 fortement recommandé à ceux qui ont aimé le premier.  Sortie la semaine prochaine, chez Urban Comics.