Je suis allée visiter ce weekend la basilique de Saint-Denis où j’ai pu constater avec le plus grand dépit que mes études étaient décidément bien loin et que j’avais tout oublié.
Comme je voulais me remémorer certaines choses, j’en profite pour faire un billet histoire de partager un peu ce que j’ai lu.
Denis est le premier évêque de la ville de Lutèce ; il arriva d’Italie vers 250 pour évangéliser les gaules ; il aurait été martyrisé peu de temps après. Sous les carolingiens, l’abbé Hilduin, archichapelain de Louis le Pieux rédige une hagiographie de Denis, où ce dernier marche 6 km avec sa tête coupée sous le bras, la confia à une femme puis s’écroula. On construit sa tombe à l’endroit exact où il était tombé. C’est ce qu’on appelle un saint céphalophore : un personne décapité se relève, prend sa tête et marche.
Les fouilles montrent qu’il y a effectivement une tombe sous la basilique (qu’on peut visiter) mais elle est vide de tout corps, on y trouva seulement quelques ossements humains et animaux.
(La décapitation de Saint Denis, au tympan du portail nord de la basilique, wikipedia)
Dans le Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, Jacques Baudoin fait remonter la céphalophorie au IVeme siècle avec saint Jean Chrysostome.
La basilique Saint-Denis édifiée sur la tombe de Denis entre 460 et 480 fut très rapidement une nécropole royale ; au VIeme siècle, on y trouve la tombe d’une reine mérovingienne Arégonde.
Dagobert fut le premier roi des francs inhumé en l’église de Saint-Denis. Le gisant le représente couché sur le côté, en train de dormir. le gisant représente toujours un personnage ayant l’apparence de la vie, contrairement aux transis. Vous avez ici la liste des gisants de Saint-Denis.
Il explique trois types de gisants (ce qui permet de multiplier les lieux où l’on honore le défunt) ; le gisant de coeur, le gisant d’entrailles et le gisant de corps. Ainsi le corps de saint-Louis, mort aux croisades, est éviscéré, démembré et bouilli. Une partie des restes avait été enterrée en Tunisie, les os sont ramenés à Saint-Denis, les entrailles partent en Italie. On appelle ceci dilaceratio corporis : la division du corps.
(Tombeau de Dagobert, http://fr.topic-topos.com/tombeau-de-dagobert-saint-denis)
Dès l’avènement des premiers Carolingiens, l’importance politique de Saint-Denis s’accroît avec en 741, les funérailles de Charles Martel et en 754, le sacre de Pépin le Bref.Entre 750 et 775, l’abbatiale est reconstruite sur un plan basilical (ils sont loin mes cours, ils sont loin).
En 832, l’abbé Hilduin ajoute une chapelle à trois vaisseaux au chevet.
Vous avez ici un plan type d’église avec les principaux termes.
Dans la première moitié du XIIeme siècle, l’abbé Suger agrandit l’abbatiale et modifia aussi le chœur en lui ajoutant 7 chapelles rayonnantes et un déambulatoire.
Au XIIIeme siècle, on agrandit la nef et le transept. On perce de larges ouvertures (d’où le nom de gothique rayonnant) censées laisser passer la lumière de dieu.
L’oriflamme des rois de France était conservée à l’abbaye du XIIe siècle au XVe siècle et les rois venaient l’y chercher avant chaque guerre, en lançant le cri de ralliement « Montjoie ! Saint-Denis ! ».
C’est Saint-Louis qui fit installer la nécropole des rois à Saint-Denis ; il fait donc réaliser des gisants pour tous les rois et reines qui y étaient déjà enterrés mais qui n’avaient qu’une simple plaque. Ces gisants ne sont pas des portraits, notion qui n’existe plus à l’époque. Ils sont donc idéalisés.
(Tombeau et Monument de Henri II et Catherine de Médicis, wikipedia).
(transi de Catherine de Medicis : http://photos.forumpro.fr/t7642-quelques-sculptures-de-la-basilique-de-saint-denis)
Les tombeaux de Henri II et Catherine de Médicis furent les derniers de ce genre. Il n’y avait en effet plus de place dans la basilique tellement les tombeaux précédents étaient imposants. L’on préfère représenter le roi en majesté, vivant et en public que dans une église. le gisant, caractéristique de l’art médiéval est déprécié. Les Bourbon sont donc enterrés dans de simples cercueils doublés de plomb, dans le « caveau des cérémonies ».
En 1793, les révolutionnaires déterrent les restes de quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes, dix serviteurs du royaume, ainsi que d’une trentaine d’abbés et de religieux divers. Certains corps sont profanés. Tous sont jetés dans un lit de chaux à côté de l’église. Beaucoup de gisants sont abîmés ou disparaissent. Vous avez ici le procès-verbal de l’extraction des cercueils.
En 1805, Napoléon lance un programme de rénovation de la basilique.
En 1817, Louis XVIII fait récupérer les ossements et les fait installer dans un ossuaire protégé par des plaque de marbre sur lesquelles sont inscrites les noms des défunts. Il y eut ensuite des travaux de restauration notamment par Viollet-le-Duc.