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Travailleurs gratuits et forcés, la demande se fait pressante

Publié le 02 avril 2013 par Eldon

travailforcepaysan Travailleurs gratuits et forcés, la demande se fait pressante Même les mini-jobs sont désormais trop « coûteux » pour les ultra-libéraux. Agnès Verdier Molinié en conviendra sûrement. En janvier, un honorable ancien ministre grec  Petros Doukas avait proposé de faire travailler les citoyens sans les payer chaque fois que l’Etat en aura besoin et de les offrir gratuitement aux entreprises pendant trois mois.

La demande en esclaves se fait de plus en plus pressante. Cette fois-ci elle vient du député Front National Jacques Bompard, ceci expliquant sans doute cela, qui a annoncé mercredi avoir déposé une proposition de loi visant à instaurer « un droit à l’emploi » de 20 heures par semaine pour tous les chômeurs, auprès des collectivités ou du privé, en échange de leur indemnisation.

Selon lui,  »Il faut remplacer le traitement social du chômage par un droit au travail que pourraient donner (…) les collectivités, les associations mais aussi le privé » et »Tout travail mérite salaire » mais « tout salaire mérite travail« , « le travail, c’est ce qui libère l’homme, ce qui le rend digne, qui l’intègre à la société et qui créé la richesse pour l’ensemble de la collectivité« .

Et bien, c’est sûr que le travail gratuit va sûrement relancer l’emploi et l’économie… Pauvre Jacques. Voilà qui devrait le rapprocher de Laurent Wauquiez, pour qui les chômeurs et toutes les personnes dans le besoin sont des assistés. chose que l’Insee avait  contredite au demeurant.

Mais bon, « Salauds de chômeurs, salauds de pauvres, salauds de vieux, salauds de malade » est si facile à dire quand on a un travail, de l’argent à consommer, qu’on est jeune et en bonne santé… Et con aussi.

L’indemnisation du chômage est l’une des expressions de la solidarité nationale qui a pour objectif d’aider financièrement et donc à tout simplement vivre ceux qui traversent une période d’inactivité.

Qu’il y ait des abus et qu’il faille les sanctionner est évident. Qu’il faille rappeler quelques vérités à M Bompard également.

La fraude sociale en France représenterait environ 20 milliards d’euros par an, c’est ce qui apparaît dans le rapport Malli de 2011. C’est considérable, difficile de prétendre le contraire. Cela correspond au déficit de la Sécurité Sociale.

Mais comme l’a précisé l’Expansion, « la fraude sociale regroupe deux réalités très différentes : la fraude aux prestations (indemnités d’arrêts maladie, allocations familiales, RSA etc..), et la fraude aux cotisations sociales (travail au noir, recours abusif aux primes et avantages en nature etc). Or contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est bien la fraude aux cotisations sociales qui est la plus importante. En clair, les entreprises fraudent plus que les particuliers. Même le rapport l’admet : la fraude aux prestations représenterait des dépenses pour l’Etat de 2 à 3 milliards d’euros tandis que le travail au noir représenterait un manque à gagner de l’ordre de 8 à 15,8 milliards d’euros. »

Les premiers fraudeurs sont donc les entreprises, 10% des entreprises en 2007 selon le Conseil des prélèvements obligatoires, mais Monsieur Bompard n’en pense rien.

M Bompard ne dit rien non plus sur la fraude fiscale, 30 milliards d’euros par an, selon un rapport du Sénat rendu public en juillet 2012, 80 milliards selon un rapport de Solidaires-Finances. Mais  M Cahuzacq, menteur d’Etat, en parlerait mieux que nous.

Quant à la finance de l’ombre – le shadow banking, 70 000 milliards de dollars –  les paradis fiscaux – 600 milliards provenant rien que de France -, la gabegie des dépenses publiques, les revenus mirobolants des dirigeants du CAC 40 et des actionnaires,  tout a tellement été dit et tant de fois…

Bref, encore une fois la pensée ultra-libérale s’en prend aux faibles. On ne va pas chercher l’argent là où il se trouve, forcément on est dans la même bande à plus ou moins le même niveau.

Et puis, M Bompard, la solidarité, l’entraide, le soutien connaît pas, sûr du fait ces mots resteront indéfiniment inutiles à lui, à sa famille et à sa progéniture bien éduquée et forcément brillante. C’est l’arrogance des parvenus.

En attendant, ne vous déplaise, les pauvres truandent moins que les riches, les chiffres ci-dessus l’attestent. Dix fois moins,comme  ATD Quart Monde l’a démontré pour ce qui est la protection sociale.

En attendant aussi, les travailleurs forcés et gratuits ont encore, mais jusqu’à quand, le Droit pour eux.

Au Royaume-Uni, deux chômeurs de 24 et 40 ans, contraints d’aller travailler gratuitement pour mériter le versement de leurs allocations, ont refusé ce chantage et osé porter plainte contre le gouvernement. Le 12 février dernier, ils ont obtenu gain de cause.

Le principe du «workfare-to-work» (allocations en échange de travaux), installé depuis la fin des années 1990, a été enrichi par des «back-to-work schemes» (programmes de réinsertion dans l’emploi) où, pour conserver leur allocation de 65 euros par semaine, les chômeurs sont sommés par les Jobcentre d’effectuer un « stage » non rémunéré dans des organismes communautaires ou dans les rayons de riches grandes enseignes comme Tesco, Poundland, Argos ou Sainsbury’s, jusqu’à 30 heures par semaine pendant un mois. A ceux qui refusent, on coupe les vivres pendant 6 mois.

Malheureusement, ces jobs ne sont pas pérennisés et le taux de réinsertion dans l’emploi est nul : une récente étude du gouvernement l’a prouvé, court-termisme, déclassement et absence de volontariat étant le trou noir de ces politiques. Mais le gouvernement persiste et signe au motif de faire comprendre aux chômeurs qu’ils ne doivent pas «jouer avec le système», dixit le ministre de l’Emploi tout en éludant que ce programme permet en revanche aux employeurs de jouer, eux, avec le système en exploitant à l’infini une main d’œuvre abondante et gratuite, comme au bon vieux temps de l’esclavage. (Actuchômage)

Et oui cher Jacques, si  l’Humain a un coût, il n’a pas de prix. Alors vos buzz à deux balles, gardez-les vous pour vos fins de soirées. Elles sont indignes d’un homme politique  que vous n’êtes certainement pas. Merci de nous le rappeler. Mais c’était inutile…


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