Bonne santé éclatante pour le Boeing French Team.
Dans ce cas-ci, le franglais est tout ŕ fait excusable : Yves Galland, président de Boeing France, affirme que le biréacteur 737 est une véritable Ťsuccess storyť non seulement pour l’avionneur américain mais aussi pour l’industrie aéronautique française. Et il le prouve, une tâche facile dans la mesure oů il lui suffit d’illustrer cette affirmation ŕ l’aide de quelques chiffres, lesquels reprennent également la participation française dans la production du 787. Ainsi, l’industrie française réalise un chiffre d’affaires annuel de quatre milliards et demi de dollars grâce ŕ Boeing, 3,25 milliards en facturation directe et 1,25 milliard grâce ŕ la fourniture de rechanges.
C’est un partenariat, terme choisi par Kent Fisher, directeur adjoint de Boeing Commercial Airplanes en charge des relations avec les fournisseurs. Il génčre 25.000 emplois dans l’Hexagone, 12.500 emplois directs et le solde en indirects. C’est lŕ un état des lieux impressionnant, qui étonne jusqu’au moment oů il est possible de le détailler. A commencer par le fait que le 737, apparu pour la premičre fois en 1967, considérablement amélioré et modernisé depuis lors, est propulsé depuis la fin 1984 par des CFM56 franco-américains produits conjointement par Snecma et General Electric. Il s’agit certainement de l’alliance industrielle franco-américaine la plus importante, toutes disciplines confondues.
Considérée en un premier temps comme un mariage entre carpe et lapin, Snecma étant ŕ l’époque une entreprise étatique, CFM International a conduit ŕ des résultats remarquables, chacun des deux partenaires étant libre de ses coűts. L’osmose qui en a résulté est unique en son genre, a suscité la satisfaction des deux parties au point d’ętre renouvelée et prolongée pour longtemps, ŕ l’occasion du lancement récent du 737 MAX doté de Leap en lieu et place de CFM56.
Au-delŕ de sa motorisation, le 737 s’appuie sur ce qu’il est convenu d’appeler le Boeing French Team, club d’entreprises françaises qui, au-delŕ de Snecma, inclut Messier-Bugatti-Dowty, Labinal, Aubert & Duval, Daher Socata, Lisi Aerospace, Michelin, Thales Avionics et Zodiac Aerospace. Du coup, la France participe largement ŕ tout succčs commercial du 737 (et aussi du 787, bien que ce ne soit pas le moment d’en parler).
Le 737 constitue, et de loin, le plus grand succčs de l’industrie aéronautique civile : le 7.500e exemplaire vient d’en ętre livré (ŕ la compagnie malaysienne Malindo Air) et la cadence de production, 38 exemplaires par mois, va passer ŕ 42 dans un an environ. Compte tenu des espoirs placés dans la version MAX, livrable ŕ partir de 2017, le 737 est assuré de rester l’avion commercial de tous les records. Le marché potentiel accessible aux Ťmonocouloirsť est en effet estimé par Boeing ŕ 23.240 avions sur 20 ans, d’une valeur de 2.000 milliards de dollars.
Le pactole est ŕ partager avec Airbus, bien sűr. Mais de nouveaux intervenants auront bien des difficultés ŕ se faire une place au soleil, entre des deux rivaux. Ni le Russe Irkut, ni le Chinois Comac, ne peuvent espérer avancer des arguments techniques ou financiers qui leur permettraient de détrôner les membres du duopole. Qui plus est, grâce au Boeing French Team, la France joue habilement sur les deux tableaux.
Pierre Sparaco - AeroMorning