En ce lendemain du premier jour d’avril, non seulement peut-on se découvrir d’un fil, mais aussi s’adonner à d’astucieuses facéties. À ce chapitre, j’apprêterai mon hommage piscicole d’une sauce à l’ancienne.
Le premier souvenir remonte à cette époque lointaine où nous n’avions pas le droit de manger de viande le vendredi. Cette obligation catholique de faire maigre autorisait cependant la consommation de poisson. Ainsi, maman déployait des trésors d’imagination pour apprêter les truites que papa pêchait tout l’été.
J’aimais beaucoup la truite, mais je détestais les arêtes. En fait, c’était automatique! Chaque fois que j’en trouvais une dans ma bouchée, j’avais un haut-le-cœur instantané. Maman me faisait les gros yeux…
Ce qui me rappelle ce deuxième souvenir. C’était à l’université. Quand nous semblions ne pas saisir son message, notre professeure française nous lançait toujours cette boutade : Cessez de me regarder avec des yeux d’ortolans frits!
Avant de finalement consulter mon fidèle minibob (Le Petit Robert), j’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’un poisson. Eh bien, pas du tout! C’est un petit oiseau dont la chair est estimée. M’enfin! (Une autre de ses expressions favorites!) Revenons à nos poissons. Bon!
Je fouille, je fouille. Ah! Le troisième, je le dois à mon amoureux qui devint mon premier mari. Nous nous sommes rencontrés durant un cours d’allemand. Cet été-là, il s’affairait à construire un barrage avec ses copains dans le grand-nord canadien.
L’ennui a de bien qu’il cherche son contraire. Il m’écrivait donc plusieurs fois par semaine et souvent… en allemand! Il m’avait affectueusement baptisée sa forelle.J’ai envie de vous faire chercher la traduction. Je plaisante, voyons! Ça signifie truite. Je sais! On reste dans le thème.
Pour clore ce voyage dans le temps, il me vient ce moment cocasse concernant mon petit frère adoré. Imaginez! Né après quatre filles, il profitait d’un traitement royalement particulier.
C’était un vendredi midi. Au menu : de la truite. Évidemment!
Notre fiston prit une bouchée dans sa portion soigneusement apprêtée. Soudain, il stoppa net de mâcher et recracha le tout. Puis, il lui demanda d’un ton frôlant le reproche : Maman… Pourquoi as-tu mis une arête dans mon poisson?