Correspondant étranger pour le Times, il couvre la guerre d'Espagne et signe des textes pro-Franco. Ainsi, il se constitue une couverture parfaite d'anticommuniste. Décoré, il entre au British Foreign Office. La bête est dans la boîte.
Philby sera promu et aura sous son aile Graham Greene qu'il envoie au Sierra Leone. Kim Philby était, à Gibraltar, le responsable de la sécurité du général polonais Władysław Sikorski, et c'est lui qui provoqua l'accident d'avion coûtant la vie au général. Il aurait ainsi obéi aux ordres de Staline désireux de se débarrasser d'un allié devenu gênant.
Constantin Volkof était consul soviétique à Istanbul, et chef du service de renseignement pour le Proche et Moyen-Orient. Il propose aux Anglais de passer à l'ouest, et en échange du droit d'asile offre les noms de deux espions hauts-gradés. Parmi ces deux noms, probablement celui de Philby. Celui-ci intercepte la demande, prévient Moscou et Volkof est rapatrié en URSS et disparaît comme seuls les Russes savent éliminer un rival.
En 1946, les Étatsuniens, les Britanniques et les Canadiens démantèlent tout un réseau d'espions soviétiques au lendemain de la défection d'Igor Gouzenko. Gouzenko livre 108 documents qui révèlent l'identité d'une quarantaine d'espions. Les documents livrés laissent penser qu'un haut-gradé du contre-espionnage britannique est peut-être un espion, et qu'il s'agirait peut-être bien de son chef, Kim Philby, mais l'affaire est étouffée, personne n'ose imaginer que cela puisse être vrai.
Toutefois l'ombre est bien présente. Philby est gentiment écarté du centre du pouvoir à Londres et envoyé à Ankara, en Turquie . Il est chargé d'infiltrer en URSS des agents nationalistes arméniens ou géorgiens pour le compte des Occidentaux. Philby se fait alors un malin plaisir de refiler toutes les informations au KGB. Il est 100% agent double.
À partir de ce moment, le FBI alerte qu'il y aurait des taupes britanniques à Washinton. En 1951, une enquête est menée, mais c'est à Philby lui-même qu'on la confie! Il sait que ses deux amis Burgess et Maclean sont découverts, il les prévient à temps et ils s'enfuient pour Moscou.
Philby aurait informé les Soviétiques que le stock de bombes atomiques était épuisé et que les États-Unis avaient du mal à en reconstruire, notamment à cause de la dispersion des équipes de scientifiques du Projet Manhattan. Cette information aurait incité Staline à provoquer deux crises majeures, le Blocus de Berlin (1948-1949) et la guerre de Corée (en juin 1950).
Définitivement exclu du MI6, Philby s’installe à Beyrouth comme correspondant de L'Observer puis de The Economist. On lui colle un "surveillant" au cul. Philby séduit alors la femme de ce "surveillant", et l'épouse en 1959. En 1962, il est découvert et fuit lui aussi pour L'URSS.
Il se justifie dans un livre, My Silent War (Ma guerre silencieuse), publié en 1968. Il passera le reste de sa vie en URSS, impuni malgré ses multiples trahisons, et y meurt en 1988.
À l'âge de 76 ans.