"La banque d'un monde qui change" : le slogan adopté par BNP Paribas depuis plusieurs années semble en passe de devenir une réalité en 2013. Il y eut d'abord l'annonce de la création prochaine d'une banque directe paneuropéenne, puis la réflexion ouverte sur l'avenir de la banque, voici maintenant la nouvelle stratégie du groupe en Belgique.
Et dans chacune de ces initiatives, transparaît (enfin !) une perception de la transformation irréversible du monde qui nous entoure et, plus important pour la banque, de son impact sur ses activités et ses modèles historiques. Ainsi, l'actualisation de la stratégie de BNP Paribas Fortis est-elle explicitement motivée par le constat d'une évolution de l'environnement macro-économique et des attentes de la clientèle (ainsi que des particularités du marché belge).
Il faut bien reconnaître que les signaux émis par les consommateurs sont de plus en plus difficiles à ignorer : 90% de la population sera connectée à Internet en 2017, 35% des belges possèdent un smartphone et ils seront plus de 50% à la fin de l'année, tandis que 2 ménages sur 3 disposeront d'une tablette. La banque ressent évidemment les effets de ces tendances : 300 000 téléchargements de son application mobile, 300 000 transactions en ligne traitées quotidiennement, 15% des ventes réalisées via internet...
Au-delà de ces chiffres, les comportements évoluent également en profondeur. Armés de leurs panoplie numérique, les clients sont mieux informés, en permanence, et deviennent donc plus exigeants. Premier volet de sa nouvelle stratégie, BNP Paribas Fortis veut accompagner cette révolution digitale. Ce sont les initiatives autour du paiement mobile avec MasterPass et le Belgian Mobile Wallet ou encore la mise à disposition d'accès WiFi pour les clients, dans 750 agences (avant la fin de l'année).
La transformation va aussi imposer des remises en question aussi pénibles qu'inévitables. Ainsi, notamment, le réseau va devoir s'adapter à la baisse de trafic qu'induisent les mutations technologiques. La banque annonce donc la fermeture de 150 de ses 936 agences dans les 3 ans, qu'accompagnera une réduction d'effectifs estimée à 1 800 postes. De plus, outre une organisation rationalisée, un accent particulier va être mis sur l'évolution des métiers, vers plus de conseil et de polyvalence.
Alors que les institutions financières ont nié pendant des années l'impact de la révolution numérique sur leurs modèles traditionnels, le réveil est brutal. Pourtant, beaucoup d'entre elles n'en ont pas encore pris toute la mesure et les prochaines années risquent d'être extrêmement "sanglantes" dans le secteur. Plutôt que d'attendre le dernier moment, il serait judicieux de planifier au plus vite la transition vers la banque de demain, afin de la rendre aussi indolore que possible.
Le groupe BNP Paribas entame aujourd'hui en Belgique une démarche pionnière, longue et difficile, qui atteindra probablement le reste de ses implantations (en France et en Italie, entre autres) à court ou moyen terme. Toutes les actions entreprises récemment démontrent en effet que sa stratégie est désormais orientée vers un nouveau modèle où la banque digitale prendra inéluctablement le pas sur le réseau.