Il était une fois une petite fille dyspraxique qui s’appelait Arianne. La petite fille croyait que tout objet vivait. C’est pourquoi chaque fois qu’on la punissait pour un incident qui se produisait. Par exemple : un jour elle a écrit sur la table de cuisine en dessinant dans son livre à colorier. Bien sûr, ce n’était pas de sa faute, c’est le crayon qui avait écrit et non elle. Comment pouvait-on la blâmer les murs lui fonçaient dessus, les escaliers se mettaient en travers de son chemin et ses crayons écrivaient sur la table! Sa vie était remplie d’obstacles qui lui compliquaient l’existence.
Un jour, le 2 janvier 2010 précisément, une méchante table lui tomba sur la tête. Le coup fût si fort qu’elle eu besoin de 2 points de suture. Méchante table!! En jouant par terre, son pied accrocha le bas d’un dessus de table appuyé contre le mur et cette dernière lui tomba sur la caboche. Même en lui expliquant plusieurs fois que son pied était responsable de l’accident, la petite Arianne en veut toujours à la table aujourd’hui.
Il y a des concepts qui sont difficiles à comprendre pour un enfant qui a une dyspraxie. Arianne a de la difficulté à se situer dans l’espace, sa perception des sensations et de la douleur est parfois inexistante, parfois démesurément amplifiée. Elle n’a probablement pas sentie qu’elle poussait la table avec son pied, elle n’a donc pas pu anticiper le mouvement de la table puisque la planification et l’anticipation des mouvements est un problème chez elle et reculer à temps comme son frère de 4 ans l’a fait n’était donc pas une option pour elle, car la chute de la table l’a surprise.
Je me suis sentie tellement coupable cette journée là. Nous travaillions à leur faire une nouvelle salle de jeux. Nous avions démontés et déplacés plusieurs meubles. C’était vraiment le bordel dans la salle familiale. Pourquoi n’étais-je pas en bas à la surveiller? Parce que c’est normalement ce qu’on fait mon conjoint et moi. On se relaie pour qu’il y ait toujours quelqu’un avec elle. D’un œil discret, on surveille toujours en faisant autre chose pour ne pas qu’elle se sente épiée constamment.
Je me rends compte que de lui donner plus d’autonomie n’est pas encore possible malgré ces 6 ans. Il y a toujours un risque d’accident ou de chute dans tout ce qu’elle entreprend de faire. Comment aurais-je pu me pardonner de ne pas avoir été près d’elle si quelque chose de pire était arrivée… Bien sûr, ça fait de moi une mère extrêmement poule, qui se culpabilise souvent, mais comment faire autrement quand chaque jour ton enfant se blesse, trébuche ou tombe de sa chaise par exemple? L'urgence de l'Hôpital, je ne veux pas que ça devienne une habitude!! Et je l’aime tellement…On ne veut jamais voir nos enfants se blesser ou souffrir…mais c’est malheureusement le quotidien d’une petite fille dyspraxique.