Or, que dit la prophétie messianique d’Ezekiel ? (Ez 9.4-6) : « Passe par le milieu de la ville et marque d’un tav le front des hommes ! »
N’oublions pas l’affirmation de Jésus lui-même : « Je ne suis pas venu abolir la Torah, mais l’accomplir » (Mt 5.17).
Les premiers disciples de Jésus superposent donc le sens de la mort-résurrection au signe de bénédiction qu’ils pratiquent déjà, puisqu’ils considèrent Jésus comme une Torah vivante, le Verbe de Dieu incarné, pleinement manifesté sur le gibet romain du Golgotha.
A l’époque des persécutions romaines de juifs et de chrétiens mis à mort pour leur refus de diviniser le pouvoir impérial, une épitaphe du 2ème siècle (Abercius) évoque cette résistance de tout « un peuple qui a le sceau brillant au front ».
On comprend ainsi la logique spirituelle qui anime les croyants dans le geste du signe de croix déployé avec la main droite :
- le front, siège de la pensée,
- la poitrine, lieu de la santé physique et du cœur,
- et les épaules, représentant la force de vivre et l’activité quotidienne.
Verticalité et horizontalité manifestent également la destination cosmique aux quatre horizons de la Parole de Dieu ainsi que son application intégrale à tous les aspects de notre humanité.
Mais on peut dire aussi que le signe de croix manifeste le désir des premiers chrétiens de relayer la tradition mère du judaïsme dans laquelle ils puisent leurs expressions de foi et de piété.
Quelle belle manière de tracer sur soi-même l’itinéraire dynamique de l’amour bienveillant de Dieu qui nous veut vivants ! N’est-ce pas la même démarche spirituelle qui relie et harmonise – exactement comme les tefilin – le front, le cœur et les bras, c’est-à-dire la pensée, la chair et l’action, et cela, en réponse de confiance et d’amour aux commandements de Dieu ?
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