au Kultur Büro Barcelona.
La guerre, certainement : des vitres peintes en bleu comme dans une ville menacée par les bombardements; des poteaux de bois soutenant des fils de fer barbelés comme dans un camp de prisonniers; de pauvres ampoules émettant une lumière médiocre comme dans un film des années 30; deux grands chariots à transporter les cadavres sur le champ de bataille, comme dans un Goya du temps des guerres napoléoniennes; une fumée diffuse qui occupe tout l’espace, comme une brume matinale ou la fumée des canons après la bataille. Tout dans cet espace évoque la guerre, tout sauf l’odeur. On s’attend à l’odeur âcre de la poudre, à l’odeur doucereuse des cadavres, à l’odeur virile des champs de bataille après la victoire.
Et ça sent le chocolat : tout est recouvert de chocolat, poteaux et chariots, et son odeur quasi écoeurante se répand dans l’espace. Le chocolat comme signe de vie, de survie, de renaissance, odeur aphrodisiaque, odeur séductrice.
C’est une superbe installation de Claude Lévêque, qui, à chaque fois, étonne et déconcerte. L’espace associatif où elle se trouve depuis février, loft improbable au 4ème étage d’un immeuble décrépit du vieux Barcelone, ferme ce soir (avec une grande fête) faute de moyens, de subventions. Où refera-t-elle surface ?
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