Après la peinture chinoise et taïwanaise, retour en Europe, là, juste à côté : chez nos amis belges. Bienheureux Belges, d’ailleurs, qui, malgré leurs dissensions linguistiques et politiques, peuvent tout de même s’enorgueillir de compter parmi leurs compatriotes d’immenses artistes comme Jacques Brel, Georges Simenon ou, en peinture, James Ensor et René Magritte… et beaucoup d’autres, comme vous allez le voir tout de suite !
Mais avant, un peu d’histoire, car il me semble toujours important de replacer les peintres et leur peinture dans un lieu et une époque…
La Belle époque et la première guerre mondiale
La fin du XIXe siècle jusqu’à la guerre de 14-18 est une période féconde. Bruxelles et Anvers sont considérées comme des places d’art internationales. Elles regardent vers Paris, mais également et presque autant vers l’Allemagne et l’Angleterre. Les influences principales sont l’impressionnisme (Emile Claus, Anna Boch, Emmanuel Viérin ou Albert Coppens), l’Art nouveau (Fernand Khnopff), le symbolisme (Léon Frédéric)… Jules Schmalzigaug, lui, est influencé par le futurisme italien.
Le conflit mondial ne décime pas vraiment les jeunes artistes, grâce à une stabilisation relativement rapide du front de l’Yser et aux possibilités de fuite qu’offrent la Hollande et l’Angleterre durant la phase de négociations. Frits Van den Berghe, Gustave De Smet et d’autres découvent ainsi l’expressionnisme aux Pays-Bas. Rik Wouters y trouve la consécration peu de temps avant de mourir. Gustave Van de Woestyne, Léon De Smet, Emile Claus, Hippolyte Daeye et Constant Permeke partent eux pour l’Angleterre, où ils peuvent exposer et évoluer (Léon De Smet et de Constant Permeke), et travailler en toute liberté, comme Emile Claus.
La modernité d’après guerre
C’est après la Première Guerre mondiale que se forme un mouvement expressionniste cohérent en Flandre belge, dont les pionniers sont des artistes de l’école dite « de Sint-Martens-Latem » (Laethem-Saint-Martin), du nom d’un village des environs de Gand. Parmi ces artistes : Constant Permeke, Gustave De Smet, Frits Van den Berghe ou Gustave Van de Woestijne. Un deuxième courant, divisionniste, est notamment représenté par Theo van Rysselberghe.
A la même époque, un groupe d’artistes de Bruxelles et de ses environs qui, dans leur réaction anti-impressionniste, sont arrivés à une sorte de compromis entre cubisme et fauvisme, vont prendre peu à peu le nom de fauvistes brabançons. Les pionniers en sont Rik Wouters, Ferdinand Schirren ou Jos Albert. Felix De Boeck en fera également un temps partie.
La fin des années 20 voit une multiplication des courants : surréaliste, avec René Magritte, Paul Delvaux ou Marc Eemans ; expressioniste avec Edgard Tytgat, Jean Brusselmans, Gustave de Smet ou Prosper de Troyer ; les premiers modernistes, Victor Servranckx, Marcel-Louis Baugniet, Karel Maes, Pierre-Louis Flouquet, Floris Jespers, Georges Vantongerloo ; réalisme, avec Henri Wolvens ; sans oublier le groupe Nervia, fondé à Mons en 1928. Ce groupe qui, comme celui de Laethem, ne défendait aucun programme, comportait surtout des élèves de l’Académie de Mons : Louis Buisseret, qui en devint directeur en 1928, Anto Carte, Frans Depooter ou Pierre Paulus.
De La Jeune Peinture Belge* à l’abstraction
La galerie
Voici donc cette peinture belge, de 1901 à 2012, en 110 tableaux et 110 peintres (111 en comptant le merveilleux tableau de Gustave van de Woestyne en tête d’article)… 111 peintres, donc, dont 13 femmes : Anna Rosalie Boch, Marthe Donas, Anne-Pierre de Kat, Mig Quinet, Miette Braive, Anne Bonnet, Simonetta Jung, Evelyne Axell, Marthe Wéry, Jessica Rice, Geneviève Van der Wielen, Odette Collon et Amandine Levy.