Magdalena, dite Lena, va bientôt avoir dix-huit ans. Un grand soulagement pour elle: elle va enfin pouvoir subir le Protocole. Grâce à cette opération, elle va pouvoir échapper définitivement à l’ amor deliria nervosa, le pire de tous les maux. Un terrible virus qui pousse ceux qui en sont infectés aux pires extrémités : la propre mère de Lena, toujours malade malgré trois interventions, a fini par se suicider. Un drame dont Lena porte toujours à la fois un profond deuil et une grande honte. Depuis, Lena vit avec sa soeur et ses cousines chez une tante qui attend elle aussi avec impatience l’opération de sa nièce. Elle cessera de ressentir ces perpétuels troubles, ce deuil, cette honte, ces moments de mélancolie comme ces élans de joie, elle pourra être appariée à un garçon qui lui correspond, elle pourra enfin être calme et heureuse. Alors ce Protocole, elle le prépare avec soin, elle répète les réponses aux questions qui lui seront posées. Mais quelque chose au fond d’elle lui fait peur: et si elle ne donnait pas les bonnes réponses qu’elle a pourtant apprises par coeur? D’autant plus sue sa meilleur amie, Hanna, pleine de vie, ne semble pas si pressée de se conformer aux règles auquel tout adolescent non encore passé par le Protocole doit se soumettre.
La dystopie est à la mode. Celle-ci se conjugue à la mode des amours interdites. Le résultat, s’il ne donne pas un chef d’oeuvre d’originalité ni une prouesse stylistique, est divertissant et suffisamment addictif pour passer un bon moment. Néanmoins, je persiste à penser que si l’annonce sur la couverture et dès les premières pages que l’amour est considéré comme un mal interdit attire les lecteurs en mal d’histoires mièvres, il aurait été bien plus intéressant à mon sens de garder un peu de flou et de mystère sur la réelle nature du Delirium, surtout que lorsqu’on creuse un peu, ce n’est pas seulement l’amour, mais toutes les émotions, positives ou négatives, qui sont visées par le protocole. Lena espère ainsi ne plus souffrir de cette honte qui la suit depuis la mort de sa mère, et les règles de cette dictature interdisent d’écouter certaines musiques, et même l’amitié fusionnelle et insouciante qui lie Hana et Lena est très mal vue. On aurait donc pu gagner un peu de subtilité en évitant de cataloguer trop vite ce roman dans la bluette adolescente.
Pour l’intrigue, ne vous attendez pas à quelque chose de révolutionnaire. Lena va rencontrer un garçon, un poil rebelle, très séduisant, qui va lui faire prendre conscience de tout l’intérêt qu’elle a à rester maitresse de ses sentiments et qui va bien sûr se dévouer largement (et avec un minimum de vêtement) à cette cause. Et la naïve héroïne va prendre quelques centaines de pages à se poser la question du bonheur et de la liberté. Bref: on retombe sur des thématiques classiques de la littérature d’anticipation, sensiblement les mêmes que dans Le Meilleur des Mondes, bien simplifiées à la sauce romantique. Ca a le mérite de poser des questions intéressantes sans trop de prise de tête avec les éternels sujets des Djeun’s du “ce monde me brime complètement, il me ment et ne me comprend pas, je prend le large". Ajoutez à cela une langue simple et confortable, à la première personne et au présent, sans vocabulaire trop compliqué, et vous avez de quoi vous vider la tête quelques heures.
La note de Mélu:
Un livre pas exceptionnel mais bien divertissant.
Titre original: Delirium (traduit de l’anglais)
Un mot sur l’auteur: Lauren Oliver est une auteure américaine.