À deux pas de chez elle - François Gravel

Par Venise19 @VeniseLandry
Je suis allé à la rencontre d’une nouvelle enquêtrice, encore plus nouvelle que moi dans le milieu du polar : Chloé Perreault, 26 ans. C’est le premier polar de François Gravel qui nous promet plusieurs enquêtes, la deuxième étant d’ailleurs attendue en librairie le 10 avril sous le titre, Nowhere Man.
Chloé P. sort de l’institut de police et choisit d’œuvrer dans un village pour la possibilité d’avancement. Elle aura à rouvrir une enquête vieille de 33 ans, après la découverte de deux squelettes entremêlés aux racines d’un arbre. Les ossements qui nous préoccupent sont ceux d’une jeune femme de 20 ans, Marie-Thérèse Laganière dont on n’avait jamais retrouvé le corps, laissant à sa sœur ainée toutes des questions sans réponse.
Le défi est grand pour une enquêtrice inexpérimentée : deux corps, un dossier classé, des témoins difficiles à retracer après 33 ans, un corps trouvé à 300 k. de l’endroit où la première enquête s’était déroulée. Tout est à refaire. Chloé P. partira en neuf avec du vieux, c'est-à-dire les notes prises par un inspecteur maintenant décédé. Nous retournerons donc dans le passé pour visiter de fond en comble la vie de Marie-Thérèse Laganière, cette femme de 20 ans, belle et brillante qui s’interrogeait sur son avenir. Connaître cette femme est l’enjeu principal pour comprendre ce meurtre d’autant plus intriguant que son corps n’a pas été enterré seul.
François Gravel n’est pas un écrivain né d’hier, il défend ses histoires habilement avec un style détendu, empreint d’humour fin. Il manie l’art de prendre son temps pour installer une histoire et dévoiler progressivement une intrigue. Une enquête prend souvent les couleurs de l’enquêtrice et Chloé P. est une femme douce, réfléchie, réservée, et qui travaille d’arrache pied, jusqu’à atteindre l’obsession. Ambitieuse sans avoir l’air de l’être et, grosse différence avec tous les enquêteurs que j’ai connus jusqu’à date, elle a des habitudes saines : jogging matinal, fume pas, boit pas, sacre pas, ne s’impatiente pas, dort normalement, mange sainement.
Ce qui fait que cette enquête, à plusieurs ramifications et touffue d’intrigues sera menée tenacement et sagement par Chloé P. qui bénéficie en plus d’un patron respectueux et encourageant. Je dois l’avouer, j’ai été habitué jusqu’à date à des enquêtes où le temps presse, les patrons ont le mors aux dents, c’est angoissant, stressant, dangereux.  Rien de tout ça dans cette enquête idéale pour les lecteurs aimant les lectures intrigantes mais pas trop stressantes. Est-ce parce que c’était la première enquête menée par un auteur à son premier polar, mais le rythme m’est apparu assez lent. J’ai eu le temps de voir venir, sans trop chercher à comprendre, ce que je fais rarement du reste, n’aimant pas me casser la tête.
En fait, si je lis du polar, c’est pour admirer une histoire complexe, ses intrigues, son mystère et l’étude de la psychologie humaine dans des personnages crédibles. Il y a également un facteur important, l’attachement à la personne qui mène l’enquête. Avec ce titre, je suis mitigée, j’avoue. Je suis restée assez indifférente à Chloé Perreault qui ne m’a ni attendrie, ni donné de palpitations. J’y ai vu le portrait complet d’une femme moderne, novice, sans trop de vécu, extrêmement travaillante. 
Je ne dis pas non à une prochaine expérience avec Chloé Perreault, à un moment de ma vie où j’aurais besoin de m’abandonner dans une histoire d’enquête détendue avec une intrigue bien menée. De toutes manières, s’il faut donner une chance au coureur, il faut en donner à l’enquêteur !