Issues de la recherche médicale et militaire, le robot dans lequel on se glisse et qui décuple la force musculaire humaine n’est plus de la science-fiction. Des sociétés comme Parker Hannifin, Ekso Bionics, Argo Medical Technologies ou Cyberdyne produisent déjà des exosquelettes motorisés destinés à aider ou à rééduquer les personnes handicapées ou accidentées.
Dans le domaine militaire, les constructeurs Raytheon et Lockheed Martin fabriquent des modèles pour l’armée américaine. Utilisant des technologies licenciées à Ekso Bionics, le HULC (Human Universal Load Carrier) de Lockheed par exemple peut porter jusqu’à 90 kg sur le dos.
Outres les secteurs médicaux et militaires, les constructeurs voient dans le civil et l’industrie des applications prometteuses pour les exosquelettes : la manutention, le bâtiment, dans des conditions dangereuses ou inconfortables (sites contaminés, incendies, espaces réduits…). Lockheed s’apprête à entrer dans ce marché avec le modèle Mantis. Adapté du modèle militaire HULC, Mantis fournit des extensions mécaniques pour les bras de l’opérateur capable d’absorber les vibrations et la fatigue engendrées par une meuleuse ou une ponceuse. Et pour preuve de sa flexibilité, l’opérateur peut danser la Macarena avec. Les exosquelettes pour l’industrie pourraient augmenter la productivité de plus de 30 % et réduire les accidents.
ENCORE QUELQUES CONTRAINTES
En France, la société auxerroise Rb3d avait déjà conçu l’exosquelette Hercule pour l’armée française. Elle vient de signer un second contrat de 30 mois avec la DGA pour développer Héraclès, le successeur d’Hercule, permettant à n’importe qui de soulever et de déplacer une charge de 100 kg avec souplesse et facilité. "Cet exosquelette soulagera également les salariés de l'industrie et de la logistique qui doivent porter des charges lourdes", confie Vincent Mauvisseau, directeur adjoint de RB3D, à La Tribune. RB3D prévoit la commercialisation de 200 exemplaires civils en 2015.
Cependant, le développement des exosquelettes se heurte encore à deux contraintes. D’une part, malgré l’utilisation croissante de technologies numériques, ces machines utilisent encore beaucoup de composants physiques qui freinent la réduction des coûts de production. D’autre part, la durée de vie des batteries limitent encore l’autonomie et le champ d’action. Mais c’est un marché prometteur, estimé à 10 milliards de dollars dans les dix prochaines années, avec très peu d’acteurs en concurrence.
Pierre Tran- Source