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Au quotidien

Publié le 01 avril 2013 par Laurentnoel

Ne compte plus les jours passés dans l’atelier à tourner autour de l’idée. Des notes d’origine ai pu tirer un grand papier à l'échelle un de la toile pré-vue. Autrement dit un brouillon de 2.20 x 1.50 m qui augmente tellement les surfaces initiales de ma pauvre page de carnet d’études que suis perdu. Complètement dérouté égaré devant cette grande aile géométrique épinglée. Des larges zones ébauchées coulent des teintes au pied du mur. Rien ne vient d’autre qu’un immense inconnu rectangle vertical qui m’échappe. De dépit, morne, retourne aux encres en tentant d’établir les bons rapports.  Désorienté, davantage encore devant ces feuilles couchées qui ne font rien comme j’aimerais, qui font fuser les tons qu’il faudrait retenir et qui bloquent ceux qui devraient filer s’étendre avancer dans les autres.Ne compte plus les jours où monte le niveau sonore de la musique pour ne plus penser : seulement s’enfermer voir et sentir. Acheté grand rouleau de papier fort pour espérer d’autres réactions. Stérile, sec, pauvre mec, te prends pour un artiste ? Découpe des bandes déchire des morceaux, arrache des lanières de toiles essaie d’assembler autrement puis monte sur le vieil escabeau de bois branlant pour reculer en l’air, faisant tenir les feuilles au sol avec des presses de l’île (chaque page tirée à quatre galets) ou au mur en jouant le couturier qui retouche d’épingles prises au bras ou entre les dents. Une fois piquée la lèvre et sang coulé longtemps. Les règles de l’art.Ne compte plus les jours où je pense ne pas aller à l’atelier me sachant incapable ; ceux où une fois entré veux fuir à toutes jambes devant tout ce qui ne vient pas. A chaque fois, à chaque jour, reste insiste recommence gueule seul devant le panneau face aux rouges aux papiers aux encres aux signes au silence dans un bain de confusion.Un jour qui compte celui où la toile cède et se tient presque — pourquoi maintenant ?— reçoit chaque élément à sa place, où l’articulation commence à fonctionner sans grincer, où poids et contrepoids s’entendent, s’écoutent, où les couleurs font attention, partagent, où de loin comme de près le rectangle vicieux et fuyant se plie à mes conditions, se soumet à mon idée pourtant bien mal fixée. Je sais qu’il ruse, mais me glisse dans la brèche. S’il fallait un prétexte pour revenir demain.

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