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Radioscopie de la profession de voyagiste

Publié le 31 mars 2013 par Fouzi53 @fouzi53
Radioscopie de la profession de voyagiste

Lorsqu’on parle d’agences de voyage au Maroc, on a tendance de tout mettre dans le même sac , or  il convient de distinguer qui fait quoi, en ces temps incertains où tout change avec  les ventes en ligne, les sites deals et les réseaux sociaux.

Si on doit parler de tourisme récepteur, cela concerne une centaine d’agence à travers le royaume, que l’on appelle les réceptifs et qui ont beaucoup de mal aujourd’hui à assurer au quotidien.

Pour celles qui œuvrent dans le loisir ou la nature , elles ne trouvent plus leurs marques car elles ont perdu pour la plus part leurs clients. C’étaient des TO de petites ou moyenne taille qui assuraient entre 1000 et 5000 clients par an, qui affrétaient à travers des brokers entre 15 et 20 sièges semaines au départ de Paris, de province, de Bruxelles, de Londres, de Milan, de Rome etc….. vers Marrakech, Agadir, Ouarzazate, pour des séjours d’une semaine, des combinés, des circuits, des weekend ponts. Pour support, chacun éditait une brochure pour l’hiver et une autre pour l’été et nous arrivions à nous positionner avec des offres d’hébergement en allotement avec nos partenaires hôteliers, à proposer des services de qualité et à vivre dignement de notre métier.

Ce modèle à commencé à péricliter vers 2004, avec l’arrivée des TO Low cost qui ont, soit absorbé les petits TO, soit les ont poussé à disparaître et avec eux, une multitude de réceptifs nationaux. Ceux qui existent encore aujourd’hui, sont dans des produits de niche ou des marchés émergents gérant un stress permanent et confrontés à la désintermédiation encouragée par l’open sky et surtout tous les illégaux qui exercent sur la toile avec des sites agressifs et du green washing.

Les spécialistes en MICE ( Meeting, Incentive, Congrès, Evénements) se heurtent sur l’international aux restrictions des multinationales par mesure de sécurité ou tout simplement de budgets et sur le marché national au flou juridique qui entoure notre profession.

Tous sont confronté à l’informel, la concurrence déloyale, une fiscalité handicapante et peinent pour être compétitifs. Beaucoup pensent sérieusement à jeter l’éponge d’autant plus qu’ils n’ont aucune caisse de résonance au sein de l’administration, ni au sein des instances représentatives.

Les distributeurs,  communément appelées billettistes, agréés IATA avec toutes les contraintes que cela impose (Caution, BSP, RH), n’arrivent plus à joindre les deux bouts tellement leurs marges de manœuvres sont réduites. Avec des commissions ridicules, des frais exorbitants, un personnel de moins en moins motivé et surtout la concurrence de leurs propres fournisseurs qui les court-circuitent via leurs sites internet en offrant des ventes flash et des tarifs auxquels le réseau n’a pas accès.

Face aux compagnies lowcost qui s’installent avec des tarifs très agressifs, les agents de comptoir n’ont plus d’arguments pour vendre, si ce n’est un crédit sans frais sur plusieurs mois. Ceux qui travaillent avec les corporates peinent à se faire payer en temps et en heure, surtout lorsqu’il s’agit de l’administration ……et l’on nous parle d’une loi sur les délais de paiement?

Les projecteurs sont souvent braqués sur les agences de voyages spécialisés dans le tourisme religieux Hadj & Omra. Cette activité est le miroir aux alouettes pour les agences de voyages marocaines et j’en connais beaucoup qui se sont laissées gagner par la rente au point d’en oublier leur métier de base. Sur ce segment, nous aurons beaucoup ce mal à récupérer des parts de marché avec la mise en place de la libéralisation surtout si la labellisation n’est pas faite dans les règles de l’art. Celle ci nécessite un savoir faire, des capitaux, une part de risque et surtout une bonne communication. C’est malheureusement ce qui manque le plus aux agences de voyages habituées au gain facile aidé en cela par ce fameux cota qui dirige les pèlerins vers des agences en embuscade. Dur sera le réveil en 2014.

Enfin, pour les agences qui font de l’outgoing, la difficulté pour obtenir un visa limite les possibilités de destinations. Reste La Turquie qui attire les nationaux mais dont les prix augmentent de plus en plus. L’Egypte et La Tunisie produisent les mêmes effets sur les marocains que sur les européens : il faut éviter pour le moment.

La règlementation des changes avec une dotation touristique de 20000 dh par voyage permettrait de monter de beaux forfaits, malheureusement les clients rechignent à utiliser cette dotation, préférant la garder pour le shopping et profiter des comptes en dirhams des agences de voyages sans pour autant y mettre le prix. Là aussi, il y a beaucoup d’informel qui pollue la profession avec des méthodes très peu orthodoxes.

Voilà une image de la réalité que nous vivons malheureusement avec la politique de l’autruche, un manque cruel de leadership et une absence totale de débat sur l’avenir incertain d’une profession en quête de visibilité.


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