Mes lectures: dernièrement cet ouvrage d'Alain Deneault: GOUVERNANCE Le Management totalitaire.
En moins de trente ans, le mot-valise de « gouvernance » s’est imposé avec la prétention de conceptualiser et structurer toute notre vie politique : depuis l’intérieur de l’entreprise, milieu duquel il a surgi à la faveur de travaux universitaires d’économie et de gestion sur les firmes (des « organisations » qu’il fallait rendre plus rentables), jusqu’au fonctionnement de toute société humaine, d’une collectivité publique aux institutions étatiques, et même à l’ensemble des Nations.
En cinquante courtes prémisses (des « assertions de départ [desquelles] découle une série de conséquences »), Alain Deneault nous entraîne au cœur de l’idéologie néolibérale et des mécanismes implicites de cette « gouvernance » qui aliène désormais notre capacité à penser notre réalité, malgré et grâce à une terrible vacuité conceptuelle.
C’est donc une invitation à autopsier cette « révolution anesthésiante » par laquelle une nouvelle forme de totalitarisme tend à réduire la démocratie à des cadres d’analyse et des modes de fonctionnement directement issus du management – et donc les plus à même d’empêcher toute remise en cause des structures de domination, puisqu’ils visent implicitement à les légitimer.
La lecture est parfois difficile, puisque cela implique de plonger dans des cadres conceptuels et une littérature empruntant principalement aux écrits des apôtres de la « gouvernance », en les mettant en perspective de certaines références de philosophie politique. Mais elle permet de mieux saisir et combattre ce « coup d’état conceptuel » qui est venu inhiber la pensée et l’action collectives.
Gouvernance, le management totalitaire