Littératures et siècles

Publié le 31 mars 2013 par Triton95

La littérature a épousé son siècle, à moins que ce ne soit l’inverse§.

Montaigne, au XVIème siècle, le temps des découvertes, de la première mondialisation, de l’ouverture au monde, du brassage des constats et des idées, en passant du coq à l’âne. Montaigne est le premier blogueur, qui semble avoir écrit en utilisant google, agrémentant ses réflexions d’exemples invraisemblables, de moeurs étranges de tribus lointaines.

Le XVIIème et le XVIIIème siècle, et leur littérature de cour, leurs interrogations théoriques, de cabinet, traduisent un monde fermé et farriné. Les épistoliers sont rois, c’est une littérature facebook.

Le XIXème siècle brasse des sociétés entières, de la cave au grenier, et s’intéresse à toutes les classes sociales dans d’immenses fresques qu’aucun contomporain ne pourrait réaliser. C’est l’époque de la littérature totale, qui tient de la place de nos livres, nos journaux, notre cinéma, et l’ensemble d’Internet.

Le XXème siècle, avec deux géants, Proust et son monde fermé, mais plus ironique que celui du XVII et XVIII, et Céline et tous les drames du XXème siècle, la guerre, le monde moderne, la banlieue, et ce sentiment d’être seul dans un siècle de furie.

La fin du XXème siècle, avec Houellebecq, et l’homme devenu seul et isolé, désabusé des libérations qui l’ont aliéné.

Que sera la littérature du XXIème siècle ?

Un retour à un Montaigne foisonnant, représenté par une sorte d’hypertexte, dont seront absents les grands leaders littéraires, qu’Internet ne permettra plus de faire émerger à titre individuel, parce que tout le monde sera lié à tout le monde ? la littérature sera collective ou ne sera pas, seule peut-être les voix intimes et chuchotées pourront encore se faire entendre dans ce fracas. Il se peut aussi que la littérature réaliste du XXIème siècle reprenne ce que la science-fiction et les visionnaires des siècles précédents ont pressenti, que ce qui était le genre, devienne majeur.