L’état de santé des salariés de Sanofi s’est dégradé en huit mois depuis que plane la menace d’une fermeture du site toulousain. Deux enquêtes internes révèlent des chiffres inquiétants.
Les 614 salariés toulousains de Sanofi vont mal. Depuis le 5 juillet 2012, date d’une menace de fermeture du site de la route d’Espagne, l’intersyndicale tire la sonnette d’alarme. Aujourd’hui, deux enquêtes internes confirment ce que chacun ressentait. Et tous les voyants sont au rouge.
La première étude émane du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Elle a été présentée en interne à la mi-mars. Quatre cent quinze salariés du site, soit 68 %, ont répondu au questionnaire. Et quasiment tous ont dit avoir connu un impact sur leur état physique (83 %) ou mental (98 %) : mal de dos, variation de poids, malaises mais aussi troubles du sommeil (pour 303 soit 73 %), état d’anxiété (pour 225), crises d’angoisses (pour 65)…
Près de la moitié des employés interrogés ont changé leur comportement alimentaire ; 20 % ont avoué consommer plus de tabac et d’alcool et 34 % prendre des psychotropes, antidépresseurs ou somnifères. Enfin, 30 % ont recours aux anxiolytiques pour aller travailler.
«Les niveaux de stress et d’anxiété ont doublé», note le CHSCT qui constate que les arrêts de travail ont aussi bondi : ils concernent une personne sur trois. «Il s’agit de chiffres anormaux», souligne le secrétaire du CHSCT, Laurent Besson-Imbert.
Depuis 2011, la direction a mis en place une instance baptisée Observatoire médical du stress, de l’anxiété et de la dépression. Son bilan pour Toulouse de juillet à décembre a lui aussi été présenté au CHSCT. Et il confirme les résultats inquiétants : les états dépressifs ont été multipliés par cinq chez les hommes et trois chez les femmes.
Contactée, la direction a répondu par la voix du médecin coordinateur des risques psychosociaux dans le groupe. «Ces résultats nous préoccupent», reconnaît le docteur Dominique Renaud qui fait valoir une longue liste de mesures : l’existence d’un service de santé sur le site, d’une formation continue des personnels de santé sur ces problèmes, comme des équipes de direction, la mise en place d’une cellule psychologique, de groupes de parole et d’un numéro vert. Un plan d’action sera aussi adopté lors du prochain CHSCT. «En tant que médecin, notre rôle est d’accompagner ces changements», note la responsable.
repères
Le chiffre : 303
salariés > Troubles du sommeil. Sur les 415 des 614 salariés toulousains de Sanofi qui ont répondu au questionnaire du CHSCT, 303, soit 73 %, ont déclaré connaître des troubles du sommeil.
«Sanofi se déclare au service de la santé mais emploie des méthodes qui ne le sont pas.»
Laurent Besson-Imbert, secrétaire du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.
Restructuration «indispensable»
«La mise en place d’un nouveau modèle de recherche reste indispensable.» Par le biais d’un porte-parole, la direction de Sanofi a réaffirmé hier sa position sur le fond. Le projet de restructuration n’est pas remis en cause par la récente décision de la cour d’appel de Paris qui a invalidé le plan de sauvegarde de l’emploi. «Nous reconnaissons les incertitudes qui pèsent sur le site de Toulouse. Les options seront présentées en prenant en compte les conclusions de la mission interministérielle sur le site.» Actuellement menée, celle-ci devrait s’achever fin avril. Pour la direction, c’est la prochaine échéance.
Jean-Noël GrosSource: La Dépêche via Les Dernières Nouvelles du Monde