Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,
Nous irons sans parler dans l’ombre et les coussins,
Je t’y ferai tomber, longue comme une morte,
Et, passionnément, je chercherai tes seins.
À travers ton bouquet de corsage, ma bouche
Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,
Et t’écoutant gémir du baiser qui les touche,
Je te désirerai, jusqu’aux pleurs, jusqu’aux pleurs !
— Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite
Fasse vibrer ton corps — instrument sans défaut —
Que tout l’art de l’Amour inspiré de Sapho
Exalte cette chair sensible intime et moite.
Mais quand le difficile et terrible plaisir
Te cambrera, livrée, éperdument ouverte,
Puissè-je retenir l’élan fou du désir
Qui crispera mes doigts contre ton col inerte !
Lucie Delarue-Mardrus