Que reste-t-il ? Je tourne sur moi-même, tourne, tourne et perdant l'équilibre, me retrouve au sol. Le temps, un temps passe jusqu'à ce qu'ouvrant les yeux, je me décide à remonter et
recommencer. Oui, me dis-je, remonter et recommencer. Mais avant, dans cette perte momentanée de repère, je savais qu'il est bon de ne pas être ! Et puis je reviens. Mes voyages intérieurs, mes
découvertes, mes lectures reviennent.
Esprit qui revient sur ces chiffres vus, revus sur prison.org ; l'Observatoire de Droits Fondamentaux
fait savoir que 14 personnes sont mortes en prison ; 14 suicides et morts suspectes connues depuis le début de l'année 2008. La peine de mort abolie, revient le temps de la souffrance. Pendant que
résonne le mot "disparus", je tourne et tourne encore sur moi-même jusqu'à ce qu'enfin, esprit ballant, mon corps s'affale. Quatorze hommes. Quatorze êtres humain. Quatorze secondes. Je ne
garderais pas longtemps l'oubli alors, je le réchauffe entre mes mains, pour qu'il dure encore un instant, juste un instant. La mémoire, quand on veut la perdre, elle s'accroche.
Mes yeux ouverts, les mots tombent. Confusion de jour en jour grandissant, la peur devient habituelle. Non, je ne rêve pas, les outils de répulsion et de rejet de l'autre se précisent ; du
pistolet à électricité aux boites à ultra son permettant d'éloigner les jeunes, l'arsenal de la peur se confirme
. Les interdits grandissent, jour après loi, on te donne le choix, " te taire" ou "on te fait taire". Voix silencieuses, les morts ne se lèvent
pas.
Comment faire ? Je perds mon métier. Epoque étrange, pendant qu'elle avance je sens, qu'elle m'éloigne de mon métier.. Le sens de mon métier, grandissant dans la croyance et la solidarité, la
confiance en l'humanité, le sens de mon métier donc, je perds lentement. Mes phrases, mes échanges avec le monde, se désorganisent. Se concentrer, ils ne doivent pas gagner, ne pas être empêché,
continuer.... Demain, continuer...