Cela fait 5 ans que l’affaire fait rage entre Skype et l’Arcep, régulateur des télécoms en France : Pour ce dernier il n’y a pas l’ombre d’un doute Skype est bel et bien un opérateur téléphonique à l’image de SFR, Orange, Bouygues Telecom ou encore récemment Free, seulement voilà le service de VoIP a toujours refusé ce statut, se désengageant ainsi de toutes les responsabilités qui en découleraient. Malgré le passage de l’entreprise aux mains du géant Microsoft, rien n’a changé de ce côté. Seulement voilà cette fois l’Arcep est bien décidé à se faire entendre et monte de nouveau au créneau en saisissant le parquet le 12 mars : « Cette histoire dure depuis 2007. Aujourd’hui, compte tenu de l’importance de Skype, nous ne pouvons plus passer outre », assure M. Silicani, actuel président de l’Arcep.
La « voix sur IP » une affaire qui marche !
A l’origine la société luxembourgeoise, qui édite un service de communication transitant par le protocole Internet permettait seulement de téléphoner depuis un ordinateur vers un autre ordinateur. Seulement voilà, depuis quelques années avec l’essor qu’ont connu les Smartphones, Skype a décidé de créer une application pour les mobiles permettant de communiquer entre ces terminaux à des frais bien inférieurs à ceux pratiqués par les opérateurs nationaux voir gratuitement grâce à la connexion 3g de son Smartphones avec un forfait tout illimité comme il en existe beaucoup aujourd’hui sur le marché. Toutes ces réformes menées par Microsoft, ont fait les beaux jours du géant américain avec des chiffres sans précédents dans l’histoire de la société. Aujourd’hui, les communications passées par Skype représentent près de 36 % du total des appels internationaux, selon le cabinet de recherche TeleGeography. En 2012, les échanges grâce au logiciel américain ont atteint le volume impressionnant de 167 milliards de minutes, soit 51 milliards de plus qu’en 2011 ! De quoi faire rêver n’importe quel opérateur téléphonique ! Et l’affaire ne s’arrête pas là, car selon les prédictions, la croissance des communications en « voix sur IP », pourrait, d’ici à 2020, faire perdre 479 milliards de dollars (371 milliards d’euros) en chiffre d’affaires aux opérateurs traditionnels. Face à un tel développement l’Arcep se devait bien de passer à l’acte contre cette concurrence qu’elle juge déloyale.
« Opérateur téléphonique » : un statut bien contraignant !
Depuis le début des réclamations, Skype a toujours défendu son statut de simple logiciel et non de réseau .Mais l’Arcep voit les choses d’un autre œil en déclarant récemment « Si tous les services fournis par la société Skype ne constituent pas des services de communications électroniques, tel paraît en revanche être le cas du service permettant aux internautes situés en France d’appeler, depuis leur ordinateur ou leur smartphone, des numéros fixes et mobiles, situés en France ou ailleurs dans le monde. En effet, ce service consiste à fournir un service téléphonique au public ».
Et ce changement de statut pourrait bien porter préjudice à la société luxembourgeoise. En effet car si changement de statut il y a, Skype devra se mettre aux normes de la législation française en matière de protection de données, de qualité du réseau, d’écoutes téléphoniques, voire de service universel. Toutes ces réformes pourraient lui porter préjudice surtout que la concurrence commence à faire rage de la part de concurrents tels que Facetime de Appel, Viber, Google Voice ou encore Libon le tout nouveau service de Orange.
Pour l’instant Skype est bien loin de jeter l’éponge et la bataille juridique risque d’être aussi ardue que longue.
M.D