Papoose – The Nacirema Dream

Publié le 30 mars 2013 par Wtfru @romain_wtfru


(Fontana Records)

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On dénonce souvent la com’ dans le rap américain avec ces annonces de sorties jamais respectées et trop souvent repoussées. Mais là, avec Papoose, on atteint sans nul doute des records. Cet album-ci est donc sorti le 26 mars 2013 alors qu’il était prévu… en septembre 2006! Une situation assez folle qui a niqué l’envol de la carrière du rappeur new-yorkais à tout jamais. A l’époque, en plein essor du son sudiste, Papoose constituait le seul motif d’espoir du son de la Grosse Pomme et devait devenir le nouveau Jay-Z (duquel il s’inspire grandement, de la voix au flow). Un contrat de 1.5 millions signé chez Jive Records (SONY) l’été 2006 après deux ans de buzz continu et l’avenir du mec était assuré.
Sauf que l’album sera repoussé aux calendes grecques à cause d’une vision artistique différente entre Papoose et les managers du label. Ces derniers proposaient un disque plus commercial alors que Pap’ voulait garder sa street crédibilité intacte. On peut louer son envie de rester droit dans ses bottes mais à force d’attendre et bien on l’avait tout simplement oublié. Il a beau avoir sorti 30 (!!) mixtapes depuis, l’attente d’un vrai projet été trop longue et trop frustrante.
Alors écouter ce premier album solo relève plus de la curiosité que de la passion. Juste par respect d’un artiste qu’on aurait tellement aimé aduler..

Premier constat: le gars a décidé de tout donner. Frustré d’offrir son solo six ans après (sur un autre label, Fontana Records), forcément il a envie de prouver. Du coup on a face à nous une montagne de 20 titres et un cd d’une durée d’1h15, un truc qui n’existe plus aujourd’hui. Bon, l’album aurait duré 30 minutes on aurait crié au foutage de gueule mais là, c’est peut être un peu trop. Surtout quand on l’écoute finalement…
Parce qu’il n’y a pas que le fait de créer un disque de 80 minutes qui est anachronique ici, il y a l’ambiance aussi. On a l’impression d’écouter un album new-yorkais des années 2000, pas la meilleure période, ni le meilleur son. Quelque chose de dépassé, quelque chose d’à côté de la plaque comme des dizaines de grands artistes de NY des 90′s en ont sorti sur la précédente décennie. On a absolument plus envie d’écouter ça, aussi triste à dire que ce soit. Encore il aurait été piocher dans le son NY des années 90, on aurait pu mieux apprécier l’effort. Mais là, il s’est très mal inspiré.
Alors peut être que certains titres sont dans les tiroirs depuis longtemps, peut être étaient-ils prévus sur la première version de l’album tel qu’il aurait pu être en 2006. Enfin on espère que c’est ça…

Papoose a beau avoir invité du beau monde à la production (Ron Browz, Buckwild, Heatmakerz, StreetRunner,…), la sauce ne prend pas. Même le morceau avec DJ Premier aux manettes, Turn It Up, sent le réchauffé. Pareil côté invités, on retrouve Mobb Deep, Erykah Badu, Remy Ma (sa nana) mais leur présence n’apportent pas de flamme de plus.
On ne parle pas ici d’un album raté. On parle d’un album cruellement hors sujet. Il n’apporte rien de plus que ce que l’on a déjà entendu et pire parfois, il pompe mal. Après ça fait quand même plaisir de réécouter Papoose, le mec a du talent au mic’ même si son analogie avec Jay-Z est encore un peu trop frappante. Mais il fait le taf avec envie et on sent qu’il aime son art. Seulement il lui rend mal.

Il y a quand même quelque bons moments de rap comme le morceau avec Jim Jones et Jadakiss, 6AM, qui lui rappelle la période faste des Diplomats, quasi dernier rayon de soleil sur New-York City. On peut aussi nommer On Top of My Game ou Die Like a G, deux très bons titres pour le coup. Mais, comme par hasard, c’est parce qu’il s’éloigne du schéma street NY que ces tracks sonnent bien et dans l’air du temps. Comme quoi, tout n’est pas encore perdu pour lui.

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Papoose – 6AM (feat. Jadakiss & Jim Jones)

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Papoose – Die Like a G

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Le rap game est cruel. Il faut savoir saisir sa chance au bon moment et l’a faire évoluer à bon escient. Et Papoose s’est complètement manqué là-dessus. Et ce n’est pas avec The Nacirema Dream qu’il se fera de nouveau une place au soleil, loin de là. Alors peut-être que maintenant que l’épreuve du premier disque est passée, il va pouvoir s’offrir une seconde jeunesse un peu plus dans le coup. Mais on en doute sérieusement.. Un vrai talent gâché.

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Tracklist:
1.Intro 1:40
2.Motion Picture 3:50
3.Mother Ghetto 4:51
4.Aim Shoot (feat. Mobb Deep) 3.35
5.Skit 3:06
6.Cure (feat. Erykah Badu) 5:37
7.Nacirema Dream 4:06
8.Pimpin Won't Die 4:34
9.6AM (feat. Jim Jones & Jadakiss) 4:00
10.Skit 1:13
11.Law Library part 8 2:47
12.What's My Name (feat. Remy Ma) 3:05
13.Top of my Game (feat. Mavado) 4:10
14.Faith 2:33
15.Turn it Up (feat. DJ Premier) 4:10
16.Die Like a G 4:16
17.Get at Me (feat. Ron Browz) 2:56
18.Where I Come From (feat. Dada Stone, ODog, Manson, Kino and C-Brown) 4:11
19.R.I.P. 5:12
20.Alphabet Slaughter part II (Z to A) 6:15

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