Dans le dernier numéro de la revue A l’index (mars 2013), dirigée par le poète Jean-Claude Tardif, on trouve des poèmes de poètes reconnus, comme Dominique Sampiero ou Werner Lambersy, dont on peut lire un beau poème sur Pina Bausch.
On trouve aussi des poèmes d’auteurs inconnus ou peu connus, dans la rubrique Jeux de Paumes.
Et cette revue publie également deux poètes qui m’ont semblé brésiliens : Antonio Brasileiro et Aleilton Fonseca, en version bilingue, deux poètes que j’ai appréciés.
Voici quelques poèmes extraits de cette belle revue :
Eric Chassefière Nocturnes
On gagne la nuit par de lentes effloraisons de nuages
on a vu d’abord le ciel prendre racine
dans un vaste morcellement d’oranges et de bleus
s’égrenant à l’horizon en un archipel de bulbes roses
puis le soleil a sombré dans l’eau des arbres
les lignes de la terre se sont épurées
les nuages bleu sombre séparés par plans
caravanes de formes glissant en se chevauchant
dans le rapide mouvement de déplacement du train
puis la nuit a tiré un à un ses rideaux
la vitesse s’est dissoute dans la vibration nocturne
on a poursuivi le voyage à l’intérieur des lignes du corps
Cloisons de Pluie de Samuel Dudouit
Si un dieu de la pluie parvenait jusqu’au rire
qui lentement monte en toi
si son odeur de terre lavée et de fougère
et sa chaleur perdue
envahissaient tes mots
tes poèmes iraient seuls sans boussole sans loi
tu pourrais dormir
Poème d’Antonio Brasileiro
Art Poétique
Mes vers sont la pure essence
des poèmes non essentiels.
Ils ne disent rien de vrai
ils ne veulent rien expliquer.
Ils ne racontent pas la clameur des coeurs
ils n’affrontent pas la douleur du monde.
Si parfois ils parlent fort
c’est par pur plaisir, jubilation :
humour qui jaillit de l’intérieur
comme les astres qui se meuvent.
Eux, mes vers, sont la pure
floraison d’irresponsables
fleurs nées dans la mangrove
simplement – mais multicolores,
belles, peu importe que les hommes
les connaissent ou non.