En 1924, John Kelly remporta une médaille d’or aux jeux olympiques de 1924 à Argenteuil.
Il avait déjà 35 ans, et Grace Kelly est née en 1929, soit quelques années après.
Est-ce que l’on peut imaginer qu’il a emmené sa fille en toute discrétion, pour lui montrer l’endroit où il s’est illustré près de Paris ? En fait, il faudrait inverser la question, est-ce qu’un père qui a remporté un grand titre a pu ne pas emmener ses enfants voir l’endroit où il a gagné une médaille olympique ? est-ce que c’est imaginable ? je me rends bien compte que non, et qu’il est évident que, loin des photographes, sans doute discrètement, en partant de Paris en voiture, John Kelly a du se rendre à Argenteuil pour montrer à sa fille ce lieu cher à sa mémoire. Cela fait partie des souvenirs intimes, de ceux que l’on ne veut partager avec personne d’autre qu’avec ses enfants, un « rosebud » à soi. Cette visite discrète, à l’opposé des rendez-vous mondains, où l’on se montre, est-il possible qu’il en reste quelques témoins encore dans la ville ? ils peuvent ne pas avoir été reconnus, être passés un soir, ou un matin frais, et qu’il y ait eu très peu de témoins, aucune image, aucune chronique.
C’est par le raisonnement que je me dis que ce passage a forcément eu lieu. Des biographes pourraient reconstituer le voyage de Paris à Argenteuil (10 kms), ce qu’ils se sont dit, ce qu’ils se sont souhaité, les paroles chères, précieuses qu’ils ont échangé, destinées à rester dans leur mémoire. Est-ce plutôt un romancier ou un cinéaste de l’intime qui pourrait nous présenter cette séquence de leur vie ? peut-être un cinéaste, les mots ont été rares, choisis, l’émotion plus présente que le bavardage, et puis la Seine en fond, avec les nuages de Monet, et les vieilles rues d’Argenteuil, dans les années 50, cela a quelque chose à voir avec le voyage à Rome de Rosselini.
Il reste à écrire ce scénario, reconstituer les dialogues, et trouver un cinéaste du sensible intéressé par l’idée