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une leçon de dignité: Chaplin

Publié le 30 mars 2013 par Orlandoderudder
30 mars 2013

Mon père m'a fait comprendre la sublime élégance d'un miséreux qui s'en est sorti et qui se moque de la misère! Car ces flics américains si rigolos des films de Charlot viennent des flics du Londres misérable qu'il a connu enfant... Ceux qui cognaient dru, tuaient parfois un pouilleux, tandis que, petit garçon Chaplin vivait la précarité, vivait la déchéance de la mère. Le tout dans des quartiers maussades et moches évoquant encore le souvenirs de Jack l'éventreur. Des coins de brutes et de mesquins, de truands et de mauvaises. Avec viols, vols, prostitution minable, violence, alcool et faim...
Un autre aurait peut-être réalisé des films terribles, effrayants. Des oeuvres poignantes retraçant la misère ou plus alertes comme Affreux sales et méchants. Ou encore quelque chose comme les longs métrages des frères Dardenne: du social, de la misère, beau mais sinistre. Mais Chaplin était en jeu et s'est révolté par l'humour; et non la dérision, le burlesque contre sa situation horrible.
De plus, Chaplin a su évacuer la haine, cette crasse tenace... Cette haine qui est le propre de l'animalité perdue dans la nature, dans le monde de la menace du prédateur, de la précarité, de la chasse parce qu'on a faim, de la fuite pour ne pas être mangé. Cette haine du crève-la-faim, cette révolte sourde, effroyable que l'on retrouve dans les bas-fonds des villes, cette envie de tuer, de cogner, aveugle, tenace, moche et dégradante. Je pense souvent à la dignité de Chaplin. Elle m'a aidé, parfois, durant les moments durs. Je me suis imaginé, tournicotant un stick, trop grandement chaussé et j'ai ri de moi-même. Je n'ai donc plus pleuré et j'ai monté ma garde!


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