Les exégèses des contempteurs de l’intervention du Président de la République du 28 Mars dernier sont suffisamment nombreuses pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter une. La seule remarque que l’on peut ajouter est qu’il nous a été servi un discours de Premier Ministre, beaucoup plus que celui d’un Président. D’ailleurs, rien n’a été dit que l’on ne savait déjà. Le sujet majeur n’a pas été abordé, celui de la ré-industrialisation du pays. Il faudra bien comprendre un jour que l’emploi ne peut exister sans entreprise. La montée du chômage n’est que la conséquence de la faillite d’entreprises de plus en plus nombreuses. Elles sont environ 60.000 par an à disparaître et la courbe des faillites augment régulièrement de 1,5% sur un an. Si la ré-industrialisation est un impératif et une urgence, il ne faut pas se tromper. Relancer la demande intérieure pour augmenter l’offre est loin d’être suffisant car cette relance ne résout en rien le problème du déficit chronique de la balance commerciale. Or, tant que cette dernière reste négative, le pays accroit inexorablement sa dette. La ré-industrialisation nécessite des investissements massifs en R & D, en formation et enseignement. Il n’est pas possible de financer de tels investissements par l’impôt qui deviendrait absolument insupportable, étant donné le niveau déjà atteint aujourd’hui. Il ne reste que la voie de l’emprunt national. Or, cette solution est totalement oubliée. C’est pourtant une solution qui permettrait de créer un véritable « choc » de compétitivité, au lieu de se contenter de rendre d’une main une partie de ce que l’on a pris de l’autre. Mais s’il apparaît que cette voie est nécessaire, elle n’est pas suffisante et doit être accompagnée par d’autres mesures. En même temps que les entreprises renouvellent leur offre pour acquérir des parts de marché, améliorer la compétitivité du pays et équilibrer la balance commerciale, il faut prendre des mesures pour protéger le marché européen des exportations venant de pays où l’inexistence de protection sociale va jusqu’à ce qu’il faut bien nommer de l’esclavage moderne et qui fabriquent dans des conditions environnementales désastreuses. Il faut, parallèlement, mener enfin des actions d’éradication des paradis fiscaux, qu’ils soient situés hors ou à l’intérieur de l’Europe (les cas les plus criants sont le Luxembourg et la City de Londres). Le cas de Chypre est exemplaire. Jamais un tel pays n’aurait dû faire partie de l’Europe, encore moins de la zone Euro. Ces pays détournent à leur profit des sommes considérables en les soustrayant à la fiscalité nationale et privant ainsi les pays de sommes considérables qui permettraient de prendre des mesures de relance de l’activité industrielle. Dans le même esprit, il faut absolument aboutir dans la régulation de l’activité bancaire afin que celle-ci retrouve ce qui est son rôle essentiel, et que les banques ont presque totalement oublié, à savoir le prêt aux entreprises et l’empêcher de détourner une masse considérable de ressources financières vers la seule spéculation. Ces actions sont indispensables et urgentes car, pour être pleinement efficaces, il faudra du temps. Mais seul l’emprunt est du seul ressort national. Toutes les autres mesures n’ont de signification que si elles sont prises au niveau de l’Europe. Compte-tenu du manque de vision de projet européen des dirigeants politiques actuels et de l’incompétence de la Commission Européenne, il est à craindre que ces mesures, pourtant indispensables, restent lettre morte. Il est donc urgent et nécessaire de convaincre les peuples, de lutter contre l’ambiance mortifère anti-européenne qui gangrène les sociétés occidentales et d’arrêter ce discours essentiellement français qui prolifère et qui consiste à désigner l’entrepreneur comme le démon et la cause de tous les maux. Enfin, tant qu’à parler de « choc » de simplification, que le gouvernement ait le courage de supprimer les départements et les conseils généraux, échelons du « mille feuilles » totalement inutile. Ce choc serait créateur de véritables diminutions de dépenses publiques. Mais, pour toutes ces mesures, il faudrait abandonner les attitudes dogmatiques ancrées sur des symboles d’un autre temps et avoir le courage politique de les engager. Hélas … !