L'édition 2013 marque le centenaire de cette course où plus que jamais la météo va jouer un rôle
essentiel dans son déroulement.
On l’a vu à l’occasion de
Milan-San Remo il y a quinze jours. On le verra probablement encore ce dimanche
au Ronde où pluie et neige sont
annoncées. Dans de telles conditions, il faudra « en avoir », comme
l’on dit vulgairement. Avoir surtout du courage, de la motivation, de la force,
de l’endurance pour résister aux morsures du froid et de l’hiver qui n’en finit
pas. Bref, avoir envie de faire du vélo, son métier, et de gagner.
A ce petit jeu, ils ne seront sans doute plus beaucoup à briguer la victoire à Oudenaarde après les 260 kilomètres d’un parcours trèx exigeant, exposé au vent dans sa première partie (départ de Bruges), puis hérissé de ces fameux boyaux pavés, dont quelques uns à plus de 20 %, comme le fameux Koppenberg, ou longs de quelque 2000 mètres, comme le Vieux Quaremont. Deux endroits clés du déroulement de la course où l’on attend les costauds du moment. En tête le Suisse Fabian Cancellara (32 ans), surpuissant du côté de Harelbeke il y a quelques jours, et le prodige slovaque Peter Sagan (23 ans), à l’aise dans les intempéries de Tirreno-Adriatico et vainqueur notamment de Gand-Wevelgem puis d’une étape des Trois Jours de La Panne avant de se retirer pour récupérer. Une montée en puissance parfaite pour les deux cadors désignés parmi les grands favoris de cette édition 2013. Il faudra être fort, très fort et avoir une mentalité de Flahutes à la Brik Schotte pour les battre sur un terrain qui semble leur convenir parfaitement. Cancellara s’y est déjà illustré à plusieurs reprises, notamment en 2010, année de son doublé impressionnant avec Paris-Roubaix. L’an passé un bidon jeté sous ses roues a malheureusement anéanti ses espoirs (fracture de la clavicule) et on le sent très motivé et revanchard pour retrouver son rang et effacer ses déboires d’il y a douze mois. Sera-ce suffisant pour lui permettre de maîtriser Sagan le virtuose dont l’insolente réussite en agace plus d’un dans le peloton ?
On attend aussi de voir à l’œuvre le triple
vainqueur Tom Boonen (32 ans) et
l’armada des Omega Pharma-Quick Step (Steegman, Vandenbergh, Stybar) avec
encore un Sylvain Chavanel qui n’a, semble-t-il, jamais
été aussi fort qu’actuellement, comme il l’a prouvé à Paris-Nice (un succès), à
San Remo (4ème) et à La Panne où il a fait coup double (chrono et
classement final).
Boonen, blessé à un genou sur chute à Gand-Wevelgem,
sera-t-il à la hauteur des attentes de son public ? La question se pose
avec acuité et conditionnera le comportement d’une oposition où l’on devrait
trouver (en l’absence de Philippe Gilbert et Tyler Phinney, souffrants) aussi
Van Avermaet (BMC), Langenveld (Orica-Greenedge), Boom (Blanco), éventuellement
l’Australien de IAM Haussler (2ème en 2009) et, on l’espère,
Voeckler et Gaudin, la révélation française de ce début de saison (Europcar)
ainsi qu’Offredo (FDJ). Quant à Tony Gallopin, il sera chez Radioshack en
soutien de Cancellara et peut-être aussi de Devolder, le double lauréat de 2008
et 2009.
Cité parmi les monuments du cyclisme, le Tour
des Flandres est une course de « guerriers » et de durs au mal, à
nulle autre pareille. Plus encore quand le mauvais temps est de la partie et
transforme les coureurs en zombies. Alors quoi qu’il arrive, ayons déjà une
pensée émue et respectueuse pour les rescapés de cette édition du centenaire.
Bertrand Duboux