Vaste réseau de gaz et de poussières dévoilé par Herschel
Ebauches d’étoiles dans la tourmente d’ainées plus massives au sein de l’un des nuages moléculaires les plus actifs de la galaxie.
Paysage cosmique tourmenté. Voici le nuage moléculaire W3, l’une des régions de formation stellaire les plus actives de la galaxie. Distante d’environ 6 200 années-lumière, elle s’étale sur plus de 200 années-lumière dans le bras spiral dit de Persée (le système solaire est proche du bras d’Orion).
Sensible au rayonnement infrarouge ― et donc aux parties les plus froides de ce milieu soumis aux turbulences des étoiles « nouveaux-nés » ―, le télescope spatial Herschel aide les astrophysiciens à mettre en lumière ― et en relief d’une certaine façon ― les processus de germination des étoiles au coeur de ces enchevêtrements de gaz et de poussières. Un magnifique et gigantesque écheveau de filaments, noué par endroit de fécondes concentrations de poussières … C’est là que commence à respirer des centaines d’étoiles. Ou plutôt des proto-étoiles car on ne perçoit encore que les premiers battemetns de leurs coeurs (« battements du temps » …). Enfouies dans ce substrat / terreau primordial, elles rayonnent peu. Les cocons sont froids.
Soit le contraire de celles, bien plus grosses, chaudes et massives, qui occupent le devant de la scène (régions luisantes de mauve et de violet qui ne vous aura pas échappé). Quelques trublions qui « mettent [littéralement] le feu » à cette partie de la nébuleuse autrefois alanguie. Leurs rayonnements violents déchirent les membranes de gaz, érodent leur environnement qui leur a donné naissance il y a seulement quelques centaines de milliers d’années. Celles qui ont plus de 8 fois la masse du Soleil disparaîtront avec fracas … De spectaculaires supernovae qui éclabousseront la nébuleuse de poussières. Les ondes de choc écraseront les parois des cavités qui les entourrent, impulsant (fécondant) un mouvement de formation stellaire.
Comment ces étoiles massives en formation émergent-elles alors que leurs puissants rayonnements repoussent la matière première ? A cette énigme, les chercheurs ébauchent une explication grâce à ces observations détaillées. Il apparait, en effet, que ces progénitures turbulentes créent dans leurs élans fulgurants des poches de matière qui les nourriront ensuite …
On retrouve les étoiles les plus massives dans les régions nommées W3 main (principal), W3 (OH) et aussi AFGL 333, KR 140. Aux carrefours des filaments, les taches jaunes préfigurent les étoiles plus modestes donc moins chaudes.
Crédit photo : ESA/PACS & SPIRE consortia, A. Rivera-Ingraham & P.G. Martin, Univ. Toronto, HOBYS Key Programme (F. Motte).