Une réflexion a pourtant retenu mon attention ce mois-ci et c'est celle de Julie dans le blogue Joyeuses catastrophes. Son billet, intitulé 10 choses que les profs ne disent pas, m'a inspiré un grand malaise. Cette enseignante a bien des choses à nous reprocher, à nous, les parents.
Joyeuses catastrophes
Néanmoins, elle a raison sur de nombreux points. Oui, nous travaillons trop, oui, on se chicane devant nos enfants, oui, on pense que nos enfants sont uniques, merveilleux et parfois irréprochables, oui on s'offusque parfois de se faire dire que nos rejetons sont moins parfaits qu'on les avait imaginés, oui peut-être que nous ne les encourageons pas toujours assez, peut-être ont-ils besoins de passer plus de temps avec nous (et pas juste avec maman, en passant), oui nous sommes parfois - souvent peut-être - inconstants et incohérents, et oui, ça m'énerve quand je trouve des fautes d'orthographe dans le matériel pédagogique de mon enfant (nous sommes toutes des reines du multitasking en passant. Ce n'est pas réservé aux enseignantes).
Sommes-nous de si mauvais parents pour autant? Peut-être. Peut-être pas. En fait, ce qui manque dans le billet de Julie, c'est un peu de perspective. De toutes les époques, il y a eu de mauvais parents. Il y a eu et il y aura toujours des parents narcissiques, égocentriques, violents, négligents, inattentifs aux besoins de leurs enfants et même carrément irresponsables et stupides. Ça, c'est inévitable et très triste, car n'importe quel tata peut se reproduire. Mais au-delà de ça, il y a le parent ordinaire.
Le parent ordinaire est le parent que je suis, que vous êtes sans doute aussi. Un parent qui apprend à devenir parent depuis le jour de la conception. Un parent qui se trompe, un parent qui aime parfois trop, parfois pas assez, qui aime mal aussi, des fois. Si enseigner n'est pas un métier facile - et mon admiration est sans borne pour les nombreux profs qui se démènent sans compter - il n'en demeure pas moins qu'être parent ne l'est pas non plus, ne l'a jamais été, d'ailleurs.
Quand notre rejeton fréquente l'école, on doit s'adapter à cette réalité. Tout à coup, ce beau poupon qu'on a porté, qu'on a admiré, qu'on a cajolé, devient un petit bonhomme ou une petite bonnefemme qui doit à son tour se mesurer au système. En tant que mère, je dois prendre conscience que mon enfant a des difficultés, qu'il n'écoute pas toujours les consignes, qu'il se révolte aussi parfois parce qu'il trouve le système trop rigide ou tout simplement parce qu'il ne comprend pas encore tout à fait pourquoi il doit aller à l'école. Et si parfois je me sens toute croche en ressortant d'une rencontre avec un enseignant, c'est que je le sens le ton du reproche. Dans votre tête, l'équation est simple : si mon enfant a des difficultés, s'il est rebelle, s'il ne comprend pas son problème de math, c'est de ma faute à moi, le parent.
Beaucoup plus facile de blâmer que d'essayer de voir au-delà. Pourtant, de mauvais profs, ça existe encore et il y en aura toujours. Certes, on respecte les bons, les dévoués, ceux qui ont la vocation. Mais comme ailleurs, il y a des profs qui sont mauvais, et ce sont ceux qui souvent se croient irréprochables. Nos enfants sont aussi des êtres à part entière. On pourrait être des parents parfaits et nos enfants pourraient quand même être imparfaits. Je fais de mon mieux, mais je ne serai jamais parfaite, mon enfant non plus. Quand mon fils me dit qu'il a envie de passer plus de temps avec moi, je l'écoute. On se parle, on échange, on partage. Des fois, on se chicane parce que je dis non. Des fois il me met hors de moi parce qu'il s'obstine, mais on s'aime même si on est profondément imparfaits. Nous savons aussi que les profs ne sont pas parfaits et pourtant, on les aime pareil...Plus important encore, je dis à mon fils qu'il va à l'école pour lui-même et non pour moi ou pour le prof. Ma job de parent, c'est de responsabiliser mon fils. Que je sois une bonne mère ou pas, que ses profs soient bons ou poches, c'est son avenir qu'il apprend à diriger.
Quand on dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant, ceci ne signifie pas qu'on souhaite se déresponsabiliser comme parent. À mes yeux, ça signifie plutôt qu'on doit faire équipe - parents, éducatrices, enseignants, médecins, psychologues, travailleurs sociaux, etc. - pour aider nos enfants à devenir des adultes heureux et épanouis. En fait, ça va même plus loin. On doit faire équipe avec nos enfants, pas seulement entre nous. Et quand on est tous dans la même équipe, on ne se tire pas dessus.
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