Envol

J'ai toujours voulu m'envoler,toucher les étoiles,m'approcher du soleil,planer comme un goéland,marcher sans toucher le sol,entre ciel et terre.Quand j'étais un enfant j'y arrivais parfaitement,j'avais en permanence la tête dans les nuages,le monde réel était pour moi une pleine de jeu,mon monde imaginaire était bien plus concret que ce qui m'entourait.J'ai eu la chance de rester dans  ce paradis merveilleux de l'enfance,de l'insouciance jusqu'à l'âge de douze ans.Mais l'univers des adultes à fini par me rattraper,je n'ai eu de cesse depuis lors de le fuir,de m'en échapper,mais il est tenace,une fois que l'on met les pieds dedans,il ne vous lâche plus,il est collant,omniprésent,ce qui le compose vous rappelle sans arrêt à l'ordre.C'est un monde qui bouffe les rêves de l'enfance,qui tue ceux des adultes,petit à petit,des pans entiers s'écroule face à la réalité défigurée,enlaidie par une société carnivore.Malgré cela,j'ai essayé de préserver une partie intacte de ce jardin secret,qui c'est bien réduit,mais il me permet encore d'avoir une partie de moi-même ,sauvegardée que j'entretiens farouchement.Mes pieds ont touché le sol réellement lors de mes treize ans,quand je me suis retrouvé dans une ville grise,agressive,avec des centaines de millier de personnes entassées,déboussolées,qui ne se connaissaient pas,qui se bousculaient,s'entassaient dans les moyens de transport en commun,tous les matins et tous les soirs,le même train-train quotidien.Je perdis vite pied dans cette ville qui me dévorait,n'ayant pas de porte de sortie,je voyais clair,ce que la société voulait de moi,que je rentre dans cette danse de pantins,le temps d'une vie,de ma vie;que je me conforme,rentre dans la norme sous peine d'en être banni.Je ne me sentais tout d'un coup pas à ma place,mal dans ma peau,dans ce troupeau,dans cette arène de gladiateurs,dans cette course effrénée qui me semblait insensée,depuis ce sentiment ne m'a jamais quitté et je reste persuadé que ce système artificiel,dénaturé est une pure folie organisée.Envers et contre tous,je suis resté révolté,choqué,j'ai continué de naviguer à contre courant,seul contre une majorité,j'ai failli lâcher prise à maintes reprises,sous les critiques incessantes,les remontrances,les difficultés de la marginalité.Adolescent, je me suis réfugié d'abord dans le sport,puis je me suis égaré dans des paradis artificiels,j'ai goûté à toutes sortes de drogues,j'ai eu la volonté de ne pas me faire bouffer par elles,bien que pendant des années,je fus un fumeur de joints, invétéré.Ce qui m'a permis de supporter l'insupportable machination inhumaine.La peinture m'a permise de continuer de m'échapper,de perpétuer mes rêves,mais ce fut un combat qui dura plus de vingt années,que je perdis au fond,car jamais je ne pu vendre suffisamment de tableaux pour en vivre réellement.Fatigué,je du me retourner vers une autre porte,je découvris l'univers magique du monde de la musique,malheureusement tardivement,vers trente- cinq ans.Pendant plus de cinq ans ,je plongeai dans l'univers du saxophone,du solfège,des académies de musique,des stages de jazz,ce fut pour moi une bouffée d'air pur,un renouveau.La musique étant un univers bien ardu,je fini par ranger mon instrument.Maintenant je me suis mis à l'écriture,depuis peu,ça me permet de continuer mon voyage,d'entretenir cette parcelle secrète,souvent,je pense au petit prince,qui entretient son unique rose,sur sa petite planète.