Quand bébé murit…

Publié le 29 mars 2013 par Theworkingmum @theworkingmum1

On dit que bébé devient autonome quand il commence à savoir manger seul, bien marcher, prendre un bain sans qu’on le tienne… On dit qu’il grandit aussi quand il devient capable de prendre un stylo et de tirer un trait, quand il a quelques mots dans son vocabulaire…  On parle avec effroi de cette crise des deux ans mais sans évoquer la maturité de bébé dans son ensemble, dans le positif et pas qu’en négatif. Laissons de côté ces mots « crise de deux ans » et disons enfin que bébé murit aussi!

Un bébé mûr? Faut pas pousser Simone! Et pourtant j’aime bien cette notion. Cette transition entre l’état de bébé et celui d’enfant.

D’ailleurs les marques d’habillement s’y perdent aussi car pour chercher un habit pour ma fille, je vais au rayon bébé « de 0 à 24 mois » et fille « de 2 à 7 ans »!!

C’est une transition touchante quand bébé n’est pas systématiquement dans le refus ou les pleurs (deux ans, ce ne peut pas qu’être cela??!) car bébé commence à posséder sa propre faculté de jugement « j’aime » et « j’aime pas » ou « veux pas »… Chez nous, bébé a 22 mois et elle devient une vraie petite fille, un véritable individu qui commence à parler à ses peluches et poupées et attend des réponse, elle chante également toute seule quand elle l’a décidé sans forcément avoir de spectateurs…

Mais la scène qui m’a le plus surprise et démontré que le changement était maintenant fut lors de l’adaptation en crèche il y a quelques jours. J’ai toujours ma fille qui pleurait quand elle en avait décidé ou envie (je ne sais pas si le mot envie est le plus approprié), comme tous les bébés en somme et notamment lors de notre séparation. Voilà que le moment de la laisser seule à la crèche est arrivé. Je lui annonce que je vais partir, revenir tout à l’heure, que pendant ce temps elle va chanter et jouer (en résumé hein). J’ai vu ma fille être triste et se retenir de pleurer. Incroyable pour moi de voir cela. Elle en avait gros sur le cœur, ma petite biche! Mais elle n’a pas versé une larme. Les encadrants à la crèche m’ont dit qu’elles préféraient que les enfants s’expriment, c’était signe d’acceptation. Certes. Ma fille connaissant déjà la crèche et la séparation, j’ai trouvé plus mature qu’elle prenne sur elle. Ce n’est pas que je préfère qu’elle évite les larmes et que cette réaction d’adulte presque pas content mais qui se conforme aux règles m’a réellement interloquée.

Deux ans, c’est la première adolescence

Dodson a même défini cette période des deux ans comme la première adolescence. Comme cela on est prévenu! Selon lui, chaque nouveau stade de maturité est atteint quand l’enfant casse et malmène le précédent. A deux ans, bébé casse les règles qu’on lui mettait en tant que bébé, il veut d’autres limites… A l’adolescence, la vraie, la redoutée, celle de 13-18 ans, celle dénommée « seconde adolescence » par Dodson, on casse le cadre, on en cherche un autre… Qui correspond à la notre maturité à venir de jeune adulte. L’enfant connait donc sa première crise à deux ans pour retrouver une stabilité vers 3 ans et rebelote, crise des 4 ans et équilibre à 5 ans… C’est sans doute pour cela que selon Dodson tout se joue avant 6 ans: c’est déjà à notre façon de gérer ces crises et changements qu’on aura plus ou moins de facilité plus tard… (Attention la traduction française peut nous faire nous révolter et faire penser « qu’ensuite c’est foutu » mais non, le bon titre est How to parent)

Une autre scène m’a rappelé un passage du livre de Dodson : ma fille a des feutres lavables à l’eau et je lui ai déjà expliqué qu’on dessine « sur les feuilles » (je répère alors sur des feuilles moult fois!). Malgré cela, je l’entends parfois dire « non, non » mais faire quand même un dessin sur sa main ou sur la table. C’est le développement de la conscience: « sa conscience commence à intérioriser l’interdiction mais l’enfant n’a pas encore assez de maitrise de ses actes spontanés pour pouvoir écouter sa conscience naissante ».

Vous allez dire que je ne suis pas encore en plein dedans avec un petit démon pour regarder cette transition d’un oeil bienveillant. Certes. Voici donc comment je m’y prépare.

Non ma fille n’est pas un bébé parfait mais un être humain avec parfois des pleurs et des cris!

Apprendre son individualité et comprendre ce qu’on attend de nous: c’est complexe pour un petit être de deux ans!

L’enfant qui disait non sagement va être plus virulent et même passer par des attitudes extrêmes et contradictoires (je veux ou je ne veux x 1000), donner des ordres comme un chef ou un tyran et exiger que cela soit immédiatement fait, vouloir faire (car on est un grand) sans toujours pouvoir (on le vit: tirer le panier à roulettes au supermarché)… Mais c’est aussi une époque où l’enfant souffre car l’enfant lui-même ne sait plus ce qu’il veut ou pas, ce qu’il peut ou pas… Cela lui fait peur et c’est pourquoi il rejette l’inconnu, aime la répétition et les rites. Cela le tranquillise. La vie n’est plus une route à sens unique: il découvre qu’il peut redevenir un bébé ou grandir. Première fois qu’il a un choix à faire!? Alors chez nous, c’est raté pour l’inconnu: nous avons déménagé à 10 000 km et vécu pendant un mois en transit chez la famille (soit 4 maisons sur un mois avec de nombreuses nouvelles têtes). Ma fille n’a pas été plus difficile pendant cette période et je me demande même si ce genre de changements ne va pas au contraire lui permettre d’appréhender les choses plus facilement. Nos enfants s’adaptent bien plus facilement que nous parfois!

Le positif à deux ans est qu’on s’impose, on aime ou pas, on veux jouer… Bref, c’est « pas maman qui décide pour moi », l’enthousiasme et énergie sont encore plus que visibles et démontrent un bon développement.

Tout enfant sain et normal doit manifester un certain degré de négativisme et de rébellion pendant ce stade

En réalité, on parle que de la crise des deux ans chez l’enfant mais pas du comportement des parents, sur leur façon de réagir. Dommage car on devient parent et plus l’enfant grandit plus on apprend.

Les astuces de Dodson pour les parents

Dodson donne quelques conseils: surtout ne pas être trop strict, savoir s’adapter, garder autant que possible son sang froid…

Être trop strict peut rendre un enfant soumis, trop docile, un passif obéissant… C’est pourtant ce que la société souhaite! Combien de fois j’ai entendu « qu’est-ce qu’elle est sage! », « Oh trop dynamique cet enfant là… » Comme si l’énergie des enfants pouvait être négative!! Je suis contre cette expression « bien se tenir »!

Être trop strict, c’est aussi potentiellement un faux soumis obéissant mais un véritable « sournois moraliste vertueux et intolérant ».. ça fait peur hein! Pourtant je t’épargne quand Dodson parle de psychopate

Dodson incite pourtant les parents à exercer leur autorité. L’enfant a besoin d’un cadre même s’il semble se rebeller. Grave erreur de ne pas donner une certains discipline qui se verra sans doute plus tard, à l’école quand l’enfant aura du mal à obéir à la maitresse et à la collectivité. Le problème n’est que reporté.

L’enfant découvre de nombreux sentiments et c’est à nous de l’aider à les formuler, que ce soit de l’amour, de la haine, du dégoût… Il faut bien distinguer, toujours selon Dodson, sentiment et acte: on ne peut pas leur apprendre à contrôler leurs sentiments. Si votre enfant est en colère, dites lui qu’il a le droit de ressentir de la colère mais que ce n’est pas pour cela qu’il peut taper (par exemple). Reformuler les sentiments négatifs aide l’enfant dans l’acceptation de ceux-ci et cela permet de les faire passer plus vite (tout bénéf?!)
Cela est aussi valable pour la peur: ne pas dénigrer l’ours qui se cache dans le placard mais que l’enfant s’exprime: pourquoi un ours? qu’es-ce qu’il ferait?

Mes deux astuces

Parce qu’on ne peut pas toujours être dans la communication et tout plein de sang froid, quand je suis au bord de craquer, j’ai décidé d’ignorer ma fille lors de crises et colères. Elle ne connait pas le coin ni d’autres punitions car l’ignorance marche bien chez nous. Parfois, je suis dans la même pièce, parfois j’en sors ou parfois c’est elle qui va ailleurs pour criser. Généralement la tétine et le doudou suffisent à la calmer puis définitivement les bras de maman… J’ai déjà testé crier plus fort qu’elle (ce qui déjà est évident, je suis sortie de mes gonds) et cela ne fait que nous énerver plus… Pour ignorer, la dose de sang froid est bien nécessaire tout de même… Dodson rappelle que nous ne devons pas céder à la fessée par exemple quand nous avons un public lors d’une crise, même si les autres pensent que nous sommes laxistes…

Le « non » est le mot que l’on entend tous trop souvent… Chez non, on entend aussi bien « oui » que « non ». Comment est-ce possible? Je sais ce qu’aime ma fille alors je lui pose des questions dont la réponse sera positive! Je n’attends même pas sa réponse en réalité! Aujourd’hui, elle me dit « oui » bien plus que non!! Elle fait comme les autres enfants preuve de négativisme verbal: on met le manteau? non dit-elle en me tendant les bras… Quand je prévois du temps pour jouer avec elle, je lui propose également plusieurs sortes d’activités: à elle de trancher: dessin, pâte à modeler, puzzle… Comme cela, je me dis, peut-être à tord, qu’elle se dit être écoutée et dans ce cas, pourquoi dire non? Se rebeller par rapport à quoi?

Je finirais par des propos de Dodson:

Il est curieux de voir que nous voulons tous que nos enfants deviennent en grandissant forts et dynamiques alors que trop souvent les parents ne savent pas accepter ce même dynamisme quand ils ont deux ans. Il faut au contraire entretenir cette force vitale et la considérer comme un atout au lieu d’un défaut dont il faut débarrasser votre enfant »

A ce stade de la première adolescence donnons à l’enfant trois choses: le respect de son dynamisme vital, des règles adaptées à ce dynamisme et notre souplesse d’adaptation.

Et pendant que bébé devient autonome, grandit, murit… Maman vieillit!

Chez vous, véritable crise des deux ans ou petits changements plus nuancés? des astuces?