Les matières premières, nouveau paradis des traders
Face à la morosité des marchés d’actions et à la régulation financière qui ronge leurs marges, les acteurs des marchés financiers ont vu dans les matières premières un nouvel eldorado. Générant ainsi de nouveaux scandales, le dernier en date étant l’affaire de la viande de cheval dans les produits Findus.
Si la situation chypriote actuelle montre bien les effets néfastes que peut avoir une politique fiscale très accommodante, elle met aussi en relief les vices cachés des négociants en matières premières. En effet l’île joue un rôle de boîte aux lettres pour ces traders particuliers qui profitent de sa fiscalité avantageuse mais surtout de l’opacité permise par la législation chypriote. Les sociétés de négoces russes en ont ainsi profité pour installer des holdings mères sur la petite Suisse de la méditerranée et masquer les bénéficiaires de ces holdings. C’est cette opacité qui a incité le trader chypriote Draap et son dirigeant, Jan Fasen, à faire passer la viande de cheval roumaine pour du bœuf, lors de la livraison à Spanghero, le fournisseur de Findus. Et le néerlandais n’en est pas à son premier essai, puisqu’il a été condamné pour le même délit l’an passé. Ces dérives montrent bien que la régulation post-crise à échapper à certains secteurs de la finance, comme le négoce des matières premières.
Les employés de ce dernier font office d’intermédiaires entre un acheteur et un vendeur, leur but étant bien sûr qu’il y ait le plus d’écart entre le prix de vente et le prix d’achat. D’où l’incitation à parfois tricher sur la nature ou la qualité du produit que l’on vend. Or, les volumes échangés par ces intermédiaires sont titanesques, et le consommateur final ne sait plus vers qui se tourner pour être certain de ce qu’il achète. Mais cet enjeu n’est pas le plus urgent, l’importance de ces volumes illustre bien le caractère spéculatif de ces activités, ce qui amène souvent à une légère survalorisation des matières premières, mais surtout à une volatilité démultipliée sur leurs prix. Trafigura, Glencore et les autres ont encore de beaux jours devant eux, d’autant que le trading pour compte propre, récemment interdit pour les banques dans la plupart des pays développés, et toujours possibles pour eux et représente d’ailleurs 80% de leurs échanges…
F.A