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[notes sur la création] Yves di Manno

Par Florence Trocmé

Le travail poétique tel que nous l’entendons vient contredire l’idée du déroulement temporel qui structure nécessairement notre existence. De par cette plongée dans le langage, nous touchons bien – au moins par instants – à des plans de conscience qu’il nous est impossible d’atteindre autrement, hormis peut-être par le biais du rêve : mais ce grand continent reste pour l’essentiel englouti, comme on sait, étant donné le peu de prises que nous avons sur lui et les maigres récoltes que nous en ramenons 
extrait d’un entretien avec Matthieu Gosztola, pour Poezibao 
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La mise à distance de la conscience ordinaire, d’où naît invariablement le poème, semble ouvrir une faille dans le langage et donner accès par le biais des images qu’il suscite à la terreur qui doit souterrainement continuer d’habiter le cœur des hommes : celle des nuits anciennes où ils dormaient, repliés sous des roches, enveloppés de ténèbres dont ils ne pouvaient que subir la loi. J’ai souvent senti cette peur ancestrale repasser en moi, pendant l’écriture, au rythme des saisons et de la violence « naturelle », animale, qui contraignait les premières communautés humaines. Et si ce phénomène s’est peu à peu estompé, au fil des ans, je n’oublie pas que l’une des fonctions du travail poétique consiste encore à affronter cette « inhumanité »-là : non certes pour s’y complaire, mais afin d’entrevoir plus lucidement la part d’ombre ou de nuit qui nous habite. 
extrait d’un entretien avec Mathieu Gosztola, volet 2, pour Poezibao


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