Brian K. Vaughan et Fiona Staples – Saga (Tome 1)

Par Yvantilleuil

La collection Urban Indies de Urban Comics accueille des titres indépendants qui ne sont donc pas issus de l’univers DC Comics. Ce premier volet qui reprend les épisodes #1à #6 de Saga, va ainsi piocher dans le catalogue d’Image comics et permet surtout de retrouver l’excellent Brian K. Vaughan (Y, le dernier homme, Pride of Baghdad ou Ex Machina). Après un petit détour par la série télé « Lost », ce dernier revient sur le devant de la scène avec une nouvelle série particulièrement prometteuse qui mélange space-opéra, romance, géo-politique, aventure et même une petite touche de fantasy. Bref, un ovni que je vous conseille vivement.

L’histoire débute par une naissance, celle de la petite Hazel, fruit de l’amour interdit entre Alana et Marko. La maman ailée vient de la planète Continent, tandis que le paternel cornu est originaire de Couronne. Cette progéniture, issue de deux espèces qui sont en guerre depuis la nuit des temps, n’est cependant pas vue d’un bon œil par les peuples respectifs et se retrouve du coup pourchassée dès sa première bouffée d’air.

Débute alors une aventure parfaitement rythmée au sein d’un univers fourmillant d’excellentes trouvailles et d’espèces étranges. Des fantômes de la planète Clivage à l’arbre-fusée, en passant par les pouvoirs magiques des habitants de la lune Couronne, l’album regorge ainsi d’idées originales. L’idée de base, qui consiste à opposer deux peuples qui ont exporté leur conflit sur d’autres planètes de la galaxie afin de préserver les leurs, s’avère excellente. L’univers proposé est du coup non seulement extrêmement vaste, multipliant ainsi les possibilités scénaristiques, mais cela permet surtout à Brian K. Vaughan d’intégrer de nombreux peuples à son récit et quand on connaît sa capacité à exploiter pleinement ses personnages, cela est certainement un des gros plus de la série.

En multipliant les planètes et les espèces, l’auteur offre une lecture très diversifiée et une galerie de personnages extrêmement riche et parfaitement exploitée. Il y a tout d’abord nos trois héros qui permet d’installer une histoire d’amour digne de Roméo et Juliette, mais qui insuffle également une touche familiale très attendrissante au récit. Il y a ensuite une panoplie de créatures étranges à l’aspect surprenant, mais aux sentiments souvent très humains. Ce décalage entre la nature des personnages et leur physique constitue également l’un des grands attraits de la série. Du Prince-Robot à la tête en forme de télé aux deux surprenants mercenaires (La Traque et Le Testament) également lancés à la poursuite du couple, en passant par l’excellente trouvaille du chat-mensonge ou les Horreurs, représentées par la très attachante Izabel, Brian K. Vaughan livre des protagonistes singuliers et particulièrement intéressants.

L’autre grande force du scénariste sont les dialogues. Ceux-ci sont une nouvelle fois d’un naturel extraordinaire et débordent d’humour. Le choix de Hazel en tant que narratrice du récit fonctionne également à merveille, surtout que cette dernière revient les événements avec un certain recul. Ajoutez à cela le langage espéranto utilisé par les luniens et la capacité de Vaughan à aborder énormément de thèmes sensibles en toute décontraction, sans alourdir le récit, et vous obtenez un véritable petite pépite.

Seul le graphisme pourrait rebuter certains lecteurs, mais ceux-ci auraient tort car Fiona Staples donne vie à des créatures au look très réussi et installe une ambiance toujours adéquate, à l’aide d’une colorisation qui accompagne toujours parfaitement le ton du récit. La dessinatrice canadienne (et oui, elle aussi) offre également un découpage efficace qui contribue à une lecture fluide qui incite à tourner les pages à grande vitesse.

Un véritable cœur et une saga qui semble déjà absolument incontournable !

Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top du mois, ainsi que dans mon Top de l’année !

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