La Maison Trestler de Madeleine Ouellette-Michalska. Page 278, ce passage qui m’a fait rêver. On découvre la reproduction d’une vieille carte qui trace grossièrement la Louisiane, la vallée du Saint-Laurent… En haut, au-dessus des vides vastes du nord, on peut lire : « Ces parties sont entièrement inconnues. » Et en direction de l’ouest : « On ignore si dans cette partie ce sont des Terres ou des Mers. » C’est ainsi que débutent tous les grands rêves d’exploration intérieure et extérieure : du blanc sur une carte, Terra incognita. L’imagination, la poésie, l’esprit de conquête et d’aventure font le reste. L’impossibilité pour l’humain de demeurer muet ou inactif devant la béance. Je me prends à songer à deux autres romans postmodernes : Les effrois de la glace et des ténèbres de Christoph Ransmayr et Sud d’Yves Berger.
On me demande souvent comment je peux avoir une telle admiration pour les techniques romanesques du postmodernisme et refuser le relativisme opératoire et absolu qui le sous-tend, le nihilisme, le déconstructivisme social… J’aime aussi la musique baroque. Ça ne fait pas de moi un admirateur de Richelieu, de la Contre-réforme triomphante et de la monarchie sacralisée.
(Le chien de Dieu, Éd. CRAM)
*
Ce matin, ces vers se sont glissés jusqu’à moi :
Je salue l’air, je salue le vent qui porte les sons
et la miséricorde de la musique.
(Le chien de Dieu, Éd. CRAM)
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