Si la toile peinte par un artiste pouvait penser et parler, certainement elle ne se plaindrait pas d'être sans cesse touchée et retouchée par un pinceau et n'envierait pas non plus le sort de cet instrument, car elle saurait que ce n'est point au pinceau mais à l'artiste qui le dirige, qu'elle doit la beauté dont elle est revêtue. Le pinceau de son côté ne pourrait se glorifier du chef-d'oeuvre fait par lui, il sait que les artistes ne sont pas embarrassés, qu'ils se jouent des difficultés et se plaisent à choisir parfois des instruments faibles et défectueux...
Thérèse de l'Enfant Jésus, A Mère Marie de Gonzague, dans: Manuscrits autobiographiques (coll. Livre de vie/Seuil, 1977)
image: Thérèse de Lisieux, dans le rôle de Jeanne d’Arc assise dans sa prison, 1895 (therese-de-lisieux.catholique.fr )