Au lendemain du rejet du plan de sauvetage européen par Chypre, le ministre des finances de l’île se rendait à Moscou pour y rencontrer son homologue russe afin d’obtenir des fonds. Malheureusement aucun accord n’a été trouvé en raison des tensions actuelles.
Le rejet du plan de sauvetage européen
Michalis Sarris, ministre des finances chypriote, percevait dans cette visite officielle un moyen d’obtenir une aide de la Russie, en autres grâce à l’extension jusqu’en 2016 du crédit de 2.5 milliards d’euros que celle-ci lui avait accordé en 2011. Mais les négociations n’ont pas abouti. Il faut dire que les russes n’ont toujours pas pardonné à l’Union européenne et à Chypre sa tentative d’imposition des comptes bancaires. Vladimir Poutine a même qualifié ce plan de sauvetage d’ »injuste, non professionnel et de dangereux ». Pour Medvedev, il s’agit d’une confiscation des fortunes étrangères.
Une Russie très présente sur l’île
Or la Russie est, avec l’Europe, le principal créancier de Nicosie. L’agence Moody’s estimait en 2012 que les capitaux russes investis dans les banques chypriote représentaient 19 milliards d’euros. Si Chypre venait à faire faillite, la perte pour les particuliers russes s’élèverait potentiellement à 2 milliards d’euros. Les banques russes, telles que VTB, Gazprombank et Sberbank, pourraient laisser 43 à 53 milliards d’euros dans l’affaire. Mais pire : Medvedev a rappelé dernièrement qu’une part importante des structures publiques russes passent par Chypre et sont aujourd’hui bloqués.
Mais pourquoi la Russie était-elle si présente en Russie ?
Pour les particuliers, l’île leur permet d’épargner du fait de taux d’intérêt avantageux. Mais il s’agit également de faciliter les transactions financières avec l’Union européenne : cette pratique est très courante chez les exportateurs de pétrole et les métallurgistes. Enfin Chypre a la réputation de blanchir de l’argent sale et certains dénoncent le volume important de capitaux russes illégaux présents sur l’île.
Trouver des solutions
Medvedev a peut-être trouvé une solution : créer un centre financier offshore dans l’est de la Russie à Sakhaline ou dans les Kouriles. Cela permettrait aux russes de pouvoir placer leur épargne en toute sécurité. En effet, selon lui, les gouvernements européens et chypriote se sont comportés comme « des éléphants dans un magasin de porcelaine ». Il se pourrait également que Moscou revoit à la baisse le pourcentage d’euros détenus dans les réserves russes (aujourd’hui 41-42%). La Russie tente donc de faire pression sur l’Union européenne afin d’obtenir l’assurance de pouvoir conserver les fonds placés à Nicosie.
AV