Oui, sauf que les oligarques russes, eux n’ont pas attendu. Leur argent? Envolé. Plus rien: 4,5 milliards d’euros s’étaient déjà envolés vers l’étranger, la semaine dernière, quelques jours avant l’accord entre le président chypriote. Et cette semaine, pendant que les Chypriotes s’angoissaient devant les guichets fermés, les succursales des banques chypriotes à Londres ou en Russie sont restées ouvertes aux quatre vents.
Selon Sott.net, « les deux banques au centre de la crise, Cyprus Popular Bank, aussi appelée Laiki, et Bank of Cyprus, ont des succursales à Londres qui sont restées ouvertes tout au long du weekend et qui n’ont fixé aucune limite pour les retraits. Bank of Cyprus possède également 80% de la banque russe Uniastrum Bank, qui n’a pas fixé non plus de restrictions sur les retraits exécutés en Russie ».
Dès dimanche, l’un des participants aux négociations a indiqué qu’il ne restait quasiment plus de capitaux dans la banque Laiki, alors qu’elle recelait auparavant 2,5 milliards d’euros de dépôts de clients étrangers. Même si leurs comptes étaient bloqués comme ceux des autres citoyens chypriotes dans les banques de l’île, ils pouvaient aisément ordonner des transferts depuis des succursales étrangères de ces banques. »
Bref du grand art. La Banque Centrale Européenne a semble-t-il contacté la Lettonie, un autre pays vers lequel se tournent les Russes qui souhaitent déposer de l’argent, mais également un candidat à l’adhésion à l’euro, pour la mettre en garde de ne pas accepter les capitaux russes provenant de Chypre. Mais ça c’est pour la vitrine.
Preuve en est, c’est le calme plat que montre Poutine. 20, 30 milliards d’avoirs russes bloqués puis taxés et il ne dirait rien?
L’agence Moody’s estime à 19 milliards de dollars les seuls avoirs des sociétés russes, auxquels s’y ajouteraient 12 milliards de dollars d’avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes. Au total, près de 22% du système bancaire de Chypre serait de nationalité russe, selon le cabinet de gestion d’actifs Alfa Capital.
Oh certes, il a protesté mais sans plus.Et pour cause. Poutine , c’est quand même l’oligarque en chef et il est évident que si ses sbires étaient irrémédiablement lésés, il ne serait pas resté aussi impassible.
Et puis surtout, Chypre est le premier pays investisseur en Russie. Selon une note privée d’Alfa Capital, le rapport entre les entrées et les sorties de capitaux russes à Chypre ne ferait apparaître qu’un excédent de 200 millions d’euros alors que les dépôts, eux, dépassent les 20 milliards. Autant dire que dans sa grande majorité, l’argent arrive à Chypre et repart en Russie.
Pour Alexandre Latsa, chef d’entreprise à Moscou, analyste pour La Voix de la Russie et Ria Novotsi, cet accord va faire des perdants et des gagnants. Les perdants: les épargnants bulgares, roumains, anglais, et surtout chypriotes . Le gagnant, la Russie, qui peut voir les capitaux revenir à la maison.
Donc toute cette affaire n’est encore une fois qu’enfumage. On nous prend pour des sardines.
En attendant, ce sont les Chypriotes qui vont payer la note et durement, comme l’a expliqué parfaitement Jacques Sapir.
Sources: Sott.net – The Huffington Post – Europe 1