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Le parti de l'insulte

Publié le 28 mars 2013 par Malesherbes

Lors du Congrès du Parti de Gauche, son secrétaire national, François Delapierre, a dénoncé à la tribune « les 17 salopards de l'Europe », désignant ainsi les 17 représentants de la zone euro réunis pour négocier un plan d’aide à Chypre. Mis en verve par cette  insulte plus à sa place dans le milieu que dans le monde politique, il a été ensuite plus spécifique : « Dans ces 17 salopards, il y a un Français, il a un nom, il a une adresse, il s'appelle Pierre Moscovici et il est membre du Parti socialiste ». Son auditoire, comptant quelque 800 délégués, visiblement ravi, l’a alors vivement applaudi. Peut-être ont-ils regretté sa modération, déplorant qu’il n’ait pas usé de termes un peu plus vigoureux, comme, par exemple,  celui de vipères lubriques, de sinistre mémoire.

Cette adresse est curieuse mais finalement pauvre en informations. Le « salopard » en question a un nom. Oui, et alors ?  C’est un privilège qu’il partage avec, je pense, la totalité de l’humanité et même avec cet élégant Monsieur Delapierre. Il a une adresse, eh oui, comme heureusement une immense majorité de gens, y compris certains SDF. Il est peut-être socialiste mais il participe à cette réunion en tant que ministre des finances de la France, ce que ces partisans d’un pays qu'ils veulent couper en deux oublient trop souvent. Mais pourquoi nous livrer seulement son nom ? Nous sommes anxieux de connaître son adresse.

Pourquoi faire, au fait ? Pour lui écrire, pour lui rendre visite ? Ou bien, comme cela se pratique hélas dans des démocraties printanières, enfourcher une moto et, muni de l’ustensile convenable, le surprendre au petit matin à la sortie de son domicile et le gratifier du salaire de sa traîtrise ?

Ce qu’il y a d’ignoble dans ces propos, c’est que l’appel au meurtre qu’ils renferment n’est pas explicite et ne peut donc être poursuivi en justice. Reste peut-être le chef d’injure publique. Mais il y a pis. Qu’un orateur se laisse emporter et prononce des paroles immondes, cela peut se concevoir. Qu’une assistance, échauffée par l’ambiance d’un congrès, s’abandonne à des applaudissements frénétiques, passe encore. Mais que les responsables d’un parti dit républicain, à froid, après réflexion (à moins qu’ils ne soient pas dotés de l’outil nécessaire à cet exercice), reprennent ces propos pour les diffuser sur Twitter, voilà qui est inadmissible.

Qu’attend-t-on pour sanctionner de telles outrances ?


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