Poni Hoax – A State of War
La France a peur. Peur de la crise, peur de Frigide Barjot, peur du mariage pour tous. La France a peur, peur de l’avenir, de son image, de son passé. La France
flippe, parce que DSK, parce que Sarkozy (qui n’en finit pas de peut-être revenir), parce que Manaudou, Benzema, le déclin du handball, parce que Findus est à cheval sur les principes, parce que
Splash et Nabila. La sinistrose nous guette. La France a les boules et la guerre du lendemain qui chante est déclarée.
Heureusement, la musique française se porte bien. De mieux en mieux même. N’en déplaisent aux Cassandre, Lescop, Aline, Granville ou La Femme proposent tous un réjouissant vent frais dans la langue de Voltaire. Ne pas aimer est possible. Les vilipender parce qu’ils arrivent après revient à reprocher à Interpol de s’inspirer de Joy Division, Jake Bugg de Dylan, Gainsbourg de Dvorak. Quand les gardiens du temple comprendront la notion de « genre », on aura fait un grand bond dans le palmarès de l’intelligence universelle.
Et quand aujourd’hui, d’autres groupes français poursuivent leur route en faisant le choix de s’exprimer en anglais (les enthousiasmants Concrete Knives, les trop attendus Daft Punk, les Phoenix qui risquent le retour de bâton après le succès international de Wolfgang Amadeus Mozart) j’aimerais vous parler d’un groupe qui me tient à cœur : Poni Hoax.
Moins connu que ses confrères, Poni Hoax offre depuis 2006 un univers fait de synthés galvanisants, d’une basse ronde et dynamique, d’une voix suave et pénétrante, qui certes n’est pas sans rappeler Ian Curtis. Et alors ? Ce que j’aime dans les morceaux de Laurent Bardainne et Nicolas Kerr, c’est ce mélange glamour d’influences disco, new wave, rock. Vus en 2008 au festival Art Rock, je ne m’en suis pas remis. L’album Images of Sigrid est pour moi un pavé dans la mare, subtil mélange d’inquiétude et de caresses nocturnes sous hypnose. Nick Cave n’est pas loin, mais comme transfiguré en crooner électro-pop. Pour le meilleur.
Et avec A State of War, Poni Hoax confirme tout le bien que je pense d’eux. Davantage pop et disco que les albums précédents, le combo nous offre des morceaux imparables qui oscillent entre danse lascive (Blood & Soda, Down on serpent street), et monument de mélancolie nocturne (Life in a new motion). De quoi définitivement rassurer la France.
Sur Images of Sigrid, l'éternel frisonnant Paper Bride :
Sur A State of War : le très bon Down on Serpent Street :
Et demain matin, ne ratez pas la chronique de Matthieu Culleron sur A State Of War à 7h25 pour Encore un matin. Et au passage, c'est le co-réalisateur de Drunk in the house of lords, passionnant témoignage d'un Poni hoax qui refuse les conventions complaisantes du genre. A voir !