Gouvernance - un vocable qui s’invitera ce soir au débat municipal. Je veux en savoir plus sur son sens réel et ce à quoi il induit. C’est un terme d’apparence inoffensive, attrayant même, mais qui provoque des ravages. Des ravages car il oblitère notre patrimoine de référence politique pour lui substituer des termes tendancieux issu des notions de management. Toute matière tourne désormais autour d’enjeux de gestion, comme si on pouvait ainsi mener des politiques.
Cette gouvernance est issue du monde de l’entreprise privée. Issue de la théorie micro-économique et de la science administrative anglo-saxonne diffusée dans les années 1990 par la Banque Mondiale comme la condition nécessaire des politiques de développement. Elle a pour but de fournir l'orientation stratégique, de s'assurer que les objectifs sont atteints, que les risques sont gérés comme il faut et que les ressources sont utilisées dans un esprit responsable. Elle veille en priorité au respect des « ayant droits » ( actionnaires, partenaires et pouvoirs publics ) et à faire en sorte que leurs voix soient entendues dans la conduite des affaires. Elle est devenue pour l’entreprise privée ce que la politique est à la société dans son ensemble et le pas est vite franchi pour que se soit inversée la proposition et que l’on voit plutôt en la politique l’analyse de la gouvernance d’entreprise… [ on en aura un exemple pratique, très bientôt, dans l’approche de la question du Théâtre où la politique, la culture, le concept de démocratie culturelle, les principes d’éducation, de formation, de présence d’éléments culturels structurant sur un quartier seront opposés aux gouvernances de toutes sortes et de crédibilité d’usage et de rentabilité, de bonne gouvernance ! ].Le terme de gouvernance occulte ceux de démocratie ou de politique. Jusqu’à présent la gestion politique ( territoriale en ce qui concerne Fontenay ) avait toujours été entendue comme une pratique au service d’une politique publique débattue. Certains renversent le concept politique pour le dénaturer au profit d’un principe, d’un art de la gestion pour elle-même. Cette mutation qu’ils opèrent cherche à promouvoir la gouvernance, c’est-à-dire le management d’entreprise et la théorie des organisations au rang de la pensée politique. Nous sommes au cœur d’une évolution anesthésiante de la pensée. La politique se réduisant en la rédaction d’une fiche technique pour définir l’exercice du pouvoir et plus grave d’inculquer aux citoyens dont elle se réclame l’art de se prononcer sur les affaires publiques en fonction d’intérêts préalablement adaptés aux conjonctures… [ l’exemple du projet théâtre sera encore là pour illustrer cet abandon du politique comme principe moteur de notre démocratie au profit des notions techniques de rentabilité oblitérant tout l’éventail des contours humains, philosophiques, sociologiques que soulève la nécessité d’un tel élément structurel ]