A ce stade de notre périple, deux possibilités s’offrent à nous, soit s’engouffrer à main gauche dans la cuisine, soit poursuivre droit devant vers les fins fonds de l’appartement. J’hésite un instant, un œil sur ma carte d’état-major, l’autre opérant un panoramique général, un truc à la Marty Feldman. A cet instant, tout témoin voulant suivre mon regard risque l’étourdissement.
Finalement, j’opte pour une variante plus économique en temps pour nous tous, visiter trois pièces en une seule étape. J’abuse peut-être de vos forces mais c’est un risque à tenter. Du séjour nous entrons directement dans la cuisine dont vous seriez en droit d’attendre mille merveilles, car si vous me lisez souvent, vous avez compris que j’étais « de la gueule » comme disait mon grand-père. Hélas, je vais vous décevoir. Fonctionnelle sans plus, étroite et peu apte à accueillir un marmiton entreprenant, au mieux on peut y préparer un dîner de cons, au pire y enregistrer cauchemar en cuisine. A ma décharge, je n’y mange que rarement, ceci expliquant cela ; ma table habituelle est ailleurs et n’entre pas dans le cadre de ce voyage. Nous ne nous attarderons pas longtemps donc, d’ailleurs on commence à se gêner. Mesdames et messieurs, si vous voulez bien reculer vers le séjour pour ensuite emprunter le couloir, merci bien.
Le couloir distribue toutes les autres pièces du logement ; aujourd’hui il nous en reste deux au programme avant la halte du soir, chacune à main droite dans le sens de la marche. Premier arrêt, dans celle-ci nul besoin de passeport mais il est recommandé d’avoir ses papiers, pour éviter les emmerdements. Pièce de transit principalement, la réservation est obligatoire car il n’y a qu’une seule place assise, les bagages à main ne sont pas autorisés, ici tout part en soute. Je n’entrouvre que la porte pour qu’y jettent un œil les plus curieux. Vous remarquerez les jolis lambris qui donnent à l’endroit un petit air de cabane dans le fond du jardin. Il est bon de savoir donner une odeur de poésie à certains lieux.
L’étape du jour s’achève un peu plus loin, au bout du couloir. Vous pénétrez ici au plus loin de mon intimité ; en supposant que j’y sois occupé à mes occupations, vous me surprendriez tout nu ! Appelons un chat, un chat. Face à mon miroir digne d’une loge d’artiste, j’admire ma musculature discrète pour ne pas faire d’envieux, je fignole la taille de ma moustache et je donne un coup de peigne à ma chevelure rebelle. Sans oublier un coup de pshiit ! pshitt ! sensé affoler la galerie comme on l’a vu précédemment.
A ce point du parcours, j’en vois qui fatiguent et qui trainent la patte. Je vous propose, puisque nous sommes sur place, une petite douche salvatrice avant de reprendre notre route… plus tard.