Entrons dans ce livre, Le Peintre d’éventail. Il va nous séduire assez vite, par son style, simple, les images qu’il va présenter, bucoliques, la tension qu’il installe, dramatique. Et par ce jeu de la transmission qu’il met en œuvre et qu’il va multiplier : Xu Hi-han écoute Matabei Reien qui lui parle d’Osaki Tanako. Et de l’un à l’autre passent les secrets du jardinage, des haïkus et de la peinture d’éventail. On dit d’un maître du haïku qu’il fut suivi au moment de sa mort par ses disciples qui attendaient de sa bouche le dernier haïku. Ainsi la transmission est toujours importante dans cette tradition où la nature prend toute la place. On lit ce livre comme on se laisse bercer par une histoire jusqu’à ce que le malheur, l’immense malheur arrive. Non pas celui qui ouvre le récit, mais bien celui qui risque de le fermer : un séisme exceptionnel, un tsunami, la mort partout. Sublime, le Japon ? Et la vague nous entraîne et on ne sait pas pourquoi on s’accroche aux branches, pourquoi on croit au miracle du récit. Et au détour de ce récit, une phrase suffit pour que le trouble s’installe. A quel moment le narrateur a-t-il mené son auditeur dans la pure invention ? Cet auditeur le sait mais n’en laisse rien paraître pour nous emmener, nous lecteurs crédules, dans le merveilleux, dans le fantasme sur lequel la nature déchaînée n’a pas prise.
Un autre livre nous attend déjà.