Sascha Ley et Laurent Payfert au Ratskeller

Je viens d'assister à un concert époustouflant. Je ne sais pas si époustouflant est le mot juste, mais j'essaie de synthétiser une émotion continue et polyforme ressentie pendant un peu plus d'une heure. Ça s'est passé au Ratskeller, dans le cadre du CeCil's Afterwork. Le duo d'artistes: Sascha Ley, chanteuse, et Laurent Payfert, contrebasse.
Une succession de chansons qui m'ont complètement envoûté. Enchaîné. Libéré. J'étais là et j'entendais. Je fermais les yeux et je partais. J'écrivais des histoires sur les parois de ma tête et je les effaçais tout de suite après. Je voyageais et je m'effaçais. Le plus beau moment? Je n'en sais rien. Tout était dense et intense, et aussi drôle et troublant. Ce qui est bien avec Sascha, c'est qu'on a l'impression qu'elle prépare les plats en direct sous nos yeux. Ce qui est bien avec Laurent, c'est qu'il nous permet de rentrer dans sa pièce à résonance. Soudain, l'engin s'envole, les accords nous souhaitent bon voyage. Est-ce du jazz? Bien sûr que c'est du jazz, et en même temps on s'en moque. Ce qui compte, c'est le présent donné, les déambulations de la voix à travers des mélodies connues que Sascha tord avec délectation mais toujours avec tact. Un exercice contemplatif, introspectif, j'aime des chansons comme Come together, Summertime ou I scare myself, mais qu'est-ce qu'elles font surgir en moi? Sascha, rechante-les comme tu veux, sur le fil du rasoir, fais-nous un jeu d'équilibriste, mets-y de la puissance et des cassures, ne tombe pas, tousse, respire, arrête.
Expérimentations. On est dans une jungle urbaine. On est dans un bar. On est sur le toit d'un building londonien. On est dans une rue et la musique nous accompagne.
On est bien, en fait.
Tant qu'il y aura des voix comme celle de Sascha, et des caisses en bois comme celle de Laurent, ça ira.