Depuis deux - trois ans se produit un curieux phénomène qui s'apparente à celui des vases communicants : plus le Front de gauche est attaqué et calomnié, plus le Front National bénéficie d'une étonnante complaisance médiatique.
Ce phénomène s'est accentué. Acrimed dans son article Mélenchon antisémite ? De la « petite phrase » déformée au « clash » obsessionnel décrit la machination qui s'est mise en branle le week-end dernier.
Même pris la main dans le sac, les arroseurs arrosés n'en ont pas moins poursuivi leur procès contre une formation du Front de gauche, le parti de gauche, en l'accusant de nationalisme, ce qui n'en demeure pas moins infamant.
A ce titre, Mélenchon ou le tournant nationaliste, l'article d'Apathie est un modèle du genre en digressions linguistiques oiseuses et en mémoire sélective. L'éditocrate aux 20 SMIC (d'après Bruno Masure) accable Mélenchon en omettant opportunément de rappeler les dernières déclarations du 1er secrétaire du PS ou celles, plus anciennes, de Huchon, probablement parce qu'il estime qu'elles ne relèvent pas de l'insulte :
« Son langage est proche de celui de l’extrême droite, mais c’est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d’extrême gauche. »
Taxer de populisme et de nationalisme le Front de gauche revient à l'assimiler au Front national, son pire ennemi, quand bien même les idées, les programmes et les histoires des deux mouvements ne présentent aucune similitude.
Dans le même temps, le Front national bénéficie de la complaisance ou de la complicité des médias dominants. Avec des Unes avenantes, des articles quasiment people, des interprétations fallacieuses de sondages, les mêmes participent à l'entreprise de relooking et de séduction de la fille Le Pen en donnant un visage humain à ce mouvement politique qui compte parmi ses cofondateurs des collaborateurs non repentis de Vichy et de l'Allemagne nazie.
Le FN profite également de la banalisation de ses idées grâce à la collaboration de la droite et du PS, qui au pouvoir, ne se privent pas de médiatiser leurs politiques anti-immigration. En reprenant en partie l'idéologie frontiste, UMP et PS tentent de récupérer les électeurs du FN et de cacher leurs échecs.
Même puissant, le parti de Le Pen et filles est l'idiot utile d'un système politique, économique et social à bout de souffle : le FN participe à l'enfumage général à base de faux problèmes ou de problèmes secondaires (dette publique, compétitivité et immigration) qui protège l'oligarchie. Aussi, UMP et PS s'accommodent de la présence du Front national parce qu'elle ne les empêche pas d'être alternativement au pouvoir et d'appliquer la même politique néolibérale. Pour ces partis habitués à la real-politique, l'exercice du pouvoir vaut bien le sacrifice de quelques circonscriptions et une bonne dose de langue bois.
Dans ce contexte délétère, la présence du Front de gauche, c'est-à-dire d'une force de gauche à l'influence grandissante, résolument hostile au néolibéralisme et à la Vème République, proche du mouvement social, constitue une grave menace pour l'oligarchie et les partis politiques qui se partagent le pouvoir.
D'où les attaques incessantes et toujours plus puissantes contre le Front de gauche.
D'où le confort médiatique et politique du Front National qui représente pour l'oligarchie, l'ultime recours pour préserver ses intérêts si les électeurs se détournent en masse de l'UMP et du PS.
En ménageant le Front National et en s'acharnant sur le Front de gauche, les tenants du système suivent la même ligne politique que leurs ainés des années 30. A la différence près que le parti socialiste s'est rangé à leurs côtés.