La chanteuse Elsa revient sur ses débuts dans la chanson ainsi que sur ses projets dont son nouvel album enregistré en
compagnie de l'artiste Da Silva. Une interview coup de coeur avec une artiste qu'on voit trop peu et qu'on entend trop peu.
Elsa, 20 ans de carrière dans la chanson, votre premier album est sorti en 1988. Quel regard portez vous sur cette période ? Rares sont les artistes qui peuvent se vanter d’avoir 20 ans de carrière.
J’ai beaucoup de tendresse pour la petite fille qui a commencé il y a 20 ans. Elle a l’age de mon fils aujourd’hui,
c’est étrange. C’est vraiment petit, et je m’en rends compte maintenant en le regardant évoluer ! C’est vrai qu’être encore présente dans ce métier après 20ans, en ayant en plus commencé
aussi jeune, c’est une chance. Je suis très heureuse de toujours avoir la possibilité de faire des disques, ce qui n’est pas le cas de tout le monde en ce
moment !
Comment vous a-t-on proposé ce premier 45 Tours, « T’en vas pas » ?
C’est le metteur en scène du film « La femme de ma vie », Régis Wargnier, dans lequel je jouais la fille
de Jane Birkin, qui m’a proposé d’enregistrer la BO du film. Je jouais un petit bout de la chanson au piano dans une scène, et c’est parti aussi simplement que
ça !
Imaginiez vous à l’époque le succès que cette chanson allait rencontrer ? Pensez vous que le succès de cette chanson
pourrait reposer sur son thème, qui était la séparation des parents, un père qui doit quitter son enfant ?
Je n’avais aucune idée à l’époque de ce que signifiait le succès. Lorsque mes parents m’ont appelé sur le tournage d’un film, pour
m’annoncer que j’étais numéro 1 au top 50, j’étais contente mais sans plus. Je ne me rendais pas compte ! J’étais prise dans un tourbillon. Je faisais ce métier sans me poser de questions,
avec toute l’innocence et le détachement de certains enfants. Pour ce qui est de la raison du succès de cette chanson, je pense effectivement que le thème abordé concerne beaucoup de monde et a
touché aussi parce que c’est une enfant qui s’adresse à son père.
Le premier album est un succès, on va y trouver d’autres tubes, dont un duo avec Glenn Meideiros « Un roman d’amitié »,
comment est née l’idée de ce duo ?
L’idée de ce duo est venue suite à une émission de télé, « Sacré Soirée », Glenn était ma surprise et les
producteurs ont tout de suite eu cette idée.
Avez-vous encore des contacts avec ce chanteur ?
Non, je n’ai pas de contacts avec lui.
« Rien que pour ça », le second album gagne en maturité mais semble dérouter les fans. Pourquoi ? Vous pensez que le
public ne vous voit pas grandir ?
Pour cet album, mon producteur avait pris contact avec un arrangeur anglais ; certes, il avait travaillé avec les plus gros artistes anglophones, mais il nous a également vu arriver de loin, il s’est vraiment foutu de nous à tous point de vue ! Il a fait cet album par-dessus la jambe, et je me suis retrouvé avec un album froid, sans âme. Ce disque n’était pas du tout une aventure humaine et je trouve que ça se sent. Mais c’est sur que lorsque vous commencez très jeune, il est difficile d’avoir le droit de grandir. Le public est vite perturbé quand votre propos n’est plus le même, vos envies différentes. Lorsque plusieurs années s’écoulent, les gens ont l’impression de vous avoir quitté la veille. Ca leur donne un sentiment de changement très rapide, ce qui n’est pas le cas. Et l’enfance et l’adolescence sont des périodes de vie où l’on évolue rapidement et d’une façon assez spectaculaire…Pour faire accepter une nouvelle identité, ça prend du temps.
A partir de cet album, votre succès sera moins important. Comment le vivez vous ?
En ce qui concerne le succès c’est relatif. Je vendrais aujourd’hui ce que je vendais à cette époque, je serais contente !! Les deux premiers albums ont tellement explosé en terme de vente, que les autres, même si les ventes restaient plus qu’honorables, semblaient être pour les médias des échecs, je ne vois pas les choses comme ça. Le seul petit regret concerne l’album « Chaque jour est un long chemin » que j’adore. Il n’a pas eu à mon goût la place qu’il méritait d’avoir. Le public n’a pas du tout eu accès à ce disque, faute d’exposition. Après cet album, je suis rentré en procès avec ma maison de disques (NDLR Ariola-BMG France) pendant 8ans. Ne pouvant pas travailler, j’ai du remplir ma vie autrement et c’est bien aussi…
Votre famille a toujours été bercée dans le milieu du show biz, aurait il été possible que vous ne fassiez pas une carrière
artistique ?
Je suis arrivée dans ce milieu un petit peu par hasard. Même si ma famille baigne essentiellement la dedans. Je n’avais pas vraiment envie de faire ça au départ, j’étais tellement jeune et tellement introvertie, que cela ne me serait même pas venu à l’esprit. Pour mes parents non plus, ils étaient très angoissés au début, ce n’était pas du tout une volonté de leur part, bien au contraire !
Votre tante, l’actrice Marlène Jobert, a elle aussi chanté, vous n’avez jamais envisagé un duo ?
J’ai fais quand j’étais jeune un duo avec Marlène pour une émission de TV mais c’est tout !
Elsa chanteuse, mais aussi Elsa actrice, pourtant on vous voit peu au cinéma ou la télévision,
pourquoi ?
Le monde du cinéma est un monde assez fermé. Si vous n’avez pas une image ciné, on ne pense pas à vous !! J’ai surtout fait des unitaires pour la TV mais pendant pas mal de temps j’ai été happée par mon métier de chanteuse. J’ai donc refusé beaucoup de choses, certaines bien et d’autres même pas envisageables ! Aujourd’hui, dès qu’un projet me tente, j’y vais. Mais les beaux projets ne courent pas les rues ou pas dans la mienne ! D’ailleurs, un deux fois 90 minutes devrait être diffusé prochainement sur M6.
Vous n’auriez, par exemple, jamais pu être un personnage récurrent dans une série?
J’ai refusé beaucoup de séries pour différentes chaînes, je n’avais pas envie d’être enfermée dans un personnage. Je préfère être libre, changer de visage, d’envies… Et puis ce que j’ai lu ne m’a pas du tout donné envie de changer d’avis !
Je crois que vous préparez un nouvel album. Que pouvez vous nous en dire ?
Je viens de finir l’enregistrement de mon nouvel album et je suis ravie ! C’est différent de ce que j’ai pu faire avant. Vous verrez !
Cet album a-t-il déjà un titre ?
Je n’ai pas encore de titre d’album définitif ?
Avez-vous déjà une date de sortie ?
Pour la date de sortie, je préfère ne pas m’avancer.
Lorsque vous préparez un nouvel album, est ce que vous pensez déjà à la scène et comment allez vous le présenter sur scène
justement ?
Bien sur que je pense déjà à la scène. Des dates sont déjà prévues, ma tournée est en train de se mettre en place. Les salles de spectacles se réservent longtemps à l’avance. Il me tarde de jouer cet album sur scène. Il est évident que la rencontre avec le public est indispensable. Un artiste a besoin de prendre cette température, c’est à ce moment là que les chansons vivent vraiment.
Je crois que pour ce nouvel album vous avez travaillé avec Da Silva. Comment vous êtes vous
rencontrés ?
Je lui ai laissé carte blanche pour ce disque. J’ai fais peu de choses. J’avais envie de ses musiques, de ses mots… Je suis vraiment amoureuse de son univers. Je l’ai rencontré sur « Myspace ». C’est un outil formidable quelque fois !
Est-ce encore facile de chanter vos premiers succès ?
Chanter mes débuts ça devient difficile maintenant. J’ai besoin de vivre le présent et l’avenir… Il n’est pas possible de se retrouver dans les textes que l’on chantait 20 ans auparavant.
Vous êtes auteur interprète, est-ce important de pouvoir écrire ses propres émotions ? Ses envies ? Ses pensées ? Et en
faire des textes ?
Chanter ses propres mots, bien sur que c’est une grande satisfaction. On se connaît mieux que personne et lorsque l’on commence à se libérer ça devient une drogue. Mais je n’ai pas d’égo mal placé par rapport à l’écriture. Et lorsque je fais une rencontre comme celle avec Manu Da Silva, je ne me pose pas la question, il y a une magie qui s’opère, alors je laisse faire. Et j’adore me balader dans différents univers artistiques.
On le sait peut-être moins mais vous êtes très active dans des associations caritatives, Les Enfoirés évidemment mais également Bout de
Vie, une association qui vient en aide aux personnes amputées. Pourquoi ce choix Elsa ?
J’ai rencontré Franck Bruno, le fondateur de l’association « Bout de Vie », il y a quelques années lors de vacances en Corse. Il donne des cours de plongée à bord de son bateau, lequel est également son lieu de vie. J’ai eu un coup de cœur pour lui, pour sa force de vie, avec une jambe en moins il est capable de soulever des montagnes, c’est quelqu’un d’extrêmement actif et qui vient en aide aux personnes handicapées comme personne. Alors lorsqu’il m’a proposé de rejoindre l’association, je n’ai pas hésité une seconde, c’était la moindre des choses…
On a l’impression que la presse people vous a laissé assez tranquille, on parle peu de vous dans ce genre de
presse ?
Concernant la presse people, j’en ai fait les frais plus d’une fois mais quand il n’y a pas grand-chose de croustillant à se mettre sous la dent on vous laisse tranquille ! Et c’est bien comme ça !
C’est déjà votre mot de la fin sur Influence, Elsa.
Et bien si c’est le mot de la fin, je vous salue et vous remercie pour cette interview. A bientôt.
Influence sera évidemment présent pour soutenir le nouvel album d’Elsa.