Magazine Musique
A la fin du XIX siècle, le philosophe Hans Larsson a écrit un livre intitulé « La logique de la poésie » où il montre que la poésie sauve l’homme du trivial en lui montrant la vie dans sa totalité. Le « Trivial » fait obstacle à la synthèse intuitive de la vie ; la poésie, à l’inverse, nous aide par ses différents moyens –figure rhétorique, métaphore, rythme – à rétablir la synthèse intuitive. A l’inverse K.P. Moritz considérait que le propre de l’homme – à la différence de l’animal fondu en quelque sorte dans le tout – réside dans son pouvoir de séparation. « Tout l’attrait de la poésie repose sur cet acte d’isoler, de séparer quelque chose du Tout, et réside en ce qu’on fournit à l’isolé un centre de gravité propre, par quoi il se forme à nouveau en un Tout ». Avec le poétique, une première détotalisation du langage s’opère. La poésie, en effet, n’est-elle pas une espèce de folie qui fragmente le langage selon des règles improbables ? La différenciation des genres constitue une seconde détotalisation : Platon distinguait trois modes d’expression : le narratif, le représentatif et le mixte ; Aristote retiendra l’opposition du récit et de la présentation, de l’épopée et du drame. Comment dès lors parler de totalité à propos du langage dont la nature même est d’être partielle ? En outre, si l’on considère à présent le contenu de la poésie, on constate qu’elle ne peut exister que sur fond d’oubli : pas de poésie sans évocation, or évoquer c’est : ne pas tout dire. Comme le sceau gravé, l’absolu ou le mystère des choses ne se manifeste qu’en creux, in absentia. La poésie chinoise, plus que toute autre, a cultivé cette esthétique de l’indéfini…. (source Christian Godin La Totalité ed Champ Vallon)
.
.
Hans Larsson : « la logique de la poésie » à lire en PDF ICI